jeudi 17 juin 2010

Balogna, la tranquillité d'être soi

Dix ans que j'ai enfin, comme prévu et désiré, succombé à la mémoire familiale, celle dont je n'ai aucune raison de me défaire, celle de mes mazzeri qui protègent ma vie quoiqu'il arrive.

Dix ans que je range tranquillement et pleinement les placards mémoriels dont l'insularité et quelques mesquineries socioéconomiques nous a créé les manques. Que j'ai ma chambre, mes terrasses, mes murs de granit de 80 cm d'épaisseur, à moi, accrochés à ma montagne, ma plongée vers la mer.

Ils sont bien rangés maintenant.

J'aime la culture que mes mazzeri me rappellent la nuit.

Comment ne pas être pleinement régénéré par cette mer, ces lacs, ces murets, ce caractère, cette dignité, cette inattentation aux vanités.

Et puis à Balogna, pas d'homophobie sur mon dos, ne reste que l'air, la terre, l'eau, moi et les autres, comme ils veulent, comme je veux : les quelques remarques acides sont détruites en quelques instants par les vieilles dames de moins en moins nombreuses qui sont les seules sur la planète à m'avoir vu à tous mes âges (exemple : Daniel, quoi ? Et alors ? Dis donc, ton fils à toi, c'est pas lui qui tourne dans des pornos, dis donc ?). Ou encore : "c'est quand qu'il arrive ton chéri ?".

Dix ans de tranquillité de pouvoir être soi sans complications, même et surtout si tout le reste est délicieusement compliqué et discuté sans fin.