dimanche 28 septembre 2008

Une image d'automne


D'un endroit que j'aime.

La morale, le capitalisme, la chimie et le plaisir : un conte du capitalisme contemporain

Savez vous pourquoi Gérard Le Fur a été viré de la présidence du Groupe Sanofi Aventis ?
C'est très éclairant.
C'est une fable capitaliste, en cette époque d'aversion pour l'ultralibéralisme créatif et individualiste.
Gérard Le Fur est un chercheur, et il est très rare de voir un chercheur à un tel poste.
Qu'a-t-il fait pour être viré ?
Il a proposé de fabriquer un médicament qui soigne contre tout : un inhibiteur des récepteurs du plaisir.
!!!!!!!!!!!!!
Parfait pour empêcher les fumeurs de fumer, notamment mais pas seulement.
Un instant le médicament en question a été imaginé comme pouvant créer un engouement très riche en profits.
Les actionnaires ont rêvé, compté l'argent à l'avance.
Il y a donc eu un moment où on a cru que bloquer le plaisir était salvateur et enrichissant.
Mais Orwell n'avait pas tant raison que ça, et c'est même opur ne pas avoir raison qu'il a écrit "1984". C'est l'autorité américaine d'autorisation de mise sur le marché qui a bloqué la vente de ce "médicament".
Leurs labos ont découverts, oh surprise, que le médicament qui bloque les récepteurs du plaisir était lié à de curieuses envies suicidaires chez ceux qui le prenaient.
Pas de mise sur le marché, pas de profit : les perspectives de rentabilité de Sanofi Aventis se sont brutalement assombries.
Le chercheur a été viré et remplacé par un spécialiste des marchés américains.
Mais est ce que quelqu'un s'est posé à temps la question de savoir cer qui vous pousse à vivre et vous lever le matin ?
Il y a quelque chose de final, fatal et terminal dans cette histoire qui se termine curieusement bien.
Il est temps, comme disait Simon Renucci, de changer d'époque !

Contre la dictature du prolétariat (actionnaire)

En fait, le vrai problème dans l'atmosphère actuelle d'écroulement de châteaux de cartes financiers est tout simple.
Le capitalisme est devenu une dictature du prolétariat.
Les communistes ont mis cinquante ans à s'apercevoir que leur révolution avait tourné mal au moment où tous les acquis (vers 1925) ont été pervertis par les assemblées de soviets.
Les libéraux s'apercevront-ils que leur révolution est pervertie par leur équivalent : les assemblées d'actionnaires, que l'entreprise n'intéresse absolument pas ?
Ca va pas s'arranger pour moi, déjà que mes amis de la vraie gauche me considèrent comme un social-traitre...

samedi 27 septembre 2008

Crise mondiale : une solution simple et de gauche, prendre 10% des profits pour payer le travail des pauvres

Crise mondiale, nous dit-on. Hmmmm que c'est bon, un bon coup d'adrénaline globale... les occidentaux adorent ça, et tous les religieux de la terre ont toujours eu besoin de sentir l'imminence de l'apocalypse et vivre dans la peur d'une force invisible, c'est reposant.

Ca sent l'aventure, le goût du risque, on se croirait revenu à l'époque bénie de la découverte de terres à coloniser... Oui, oui, j'ai bien dit bénie !
Qu'est ce qui est en crise ?
Moi en tous cas, ça va, ma plage est toujours à la même place, P. m'attendrit plus que jamais, j'ai fini "La stratégie du choc" en ralentissant autant que possible dans les dernières pages et de nouveaux écrits de Bourdieu sur l'Algérie sont à lire, j'ai une nouvelle méthode de cuisson du fenouil, c'est délicieux, quel progrès; les vaches et les cochons de Balogna pèsent toujours le même poids, vivement l'apéro à salsiccia et le barbecue.
Donc les banques américaines sont, elles, en crise, et comme elles ont tendance à brûler tout ce qui les entoure sans le regénérer depuis dix ans, le reste est aussi (modérément) en crise.
Mais d'où vient cette crise, déjà ?
Elles ont fait des crédits inconsidérés à des personnes dont les revenus baissent, baissent, baissent, dont on augmente les impôts plus leurs revenus baissent.
Or il n'y a jamais eu autant d'argent en circulation, qui va partout, sauf en salaires.
Bref, en augmentant un tout petit peu les salaires des pauvres(pas trop quand même, hein, M. Friedman, j'espère que vous avez évité l'enfer et payez vos erreurs au purgatoire, comme dirait mon curé ?).
C'est beaucoup moins couteux que d'augmenter les salaires des "riches"ou par exemple de les exempter d'impôts, et on a toutes les chances de retrouver le sourire et une nouvelle pompe à fric vivante.
Mais pourquoi donc personne n'y pense ?
Ah la la, le monde n'est pas sérieux !
Si Obama veut m'appeler, donnez lui mon portable, je trouverai une soirée libre. Je sais, Lula le fait déjà et on serait certainement d'accord sur le principal, mais j'ai mes raisons personnelles pour préférer Obama que je ne développerai pas ici par pur manque de temps. Bon, s'il n'est pas libre, on peut reparler de Lula, mais faut vérifier les agendas avant.

mercredi 24 septembre 2008

Le progrès


Ceci est un billet de train en parfait état, hélas déjà composté, on ne peut donc plus l'utiliser.
Dommage, c'était une jolie ligne : "un billet pour Toulon-Abattoirs, s'il vous plaît", a dû dire au retour celui ou celle qui l'a composté dans une gare des Chemins de Fer du Sud de la France. Et puis c'était pratique : Toulon-Saint Tropez en à peine trois heures en 1948 !

samedi 20 septembre 2008

Encore plus historique : j'ai mal au nez

Si, si, un blog sert aussi à s'exprimer sur ce qui est vraiment important et historique.
AAAAAhhhhh, la difficulté des demi-saisons incertaines : avec l'âge, je ne supporte plus les entre deux, et franchement je ne sais plus si je dois dormir avec la couette de demi-saison ou la couverture de quart-de-saison.
Résultat, une fois de plus j'ai les sinus en feu.
J'ai déjà déposé plainte auprès de ma mère (qui ne va pas trop mal pour son âge) pour essayer de faire jouer la garantie centenniale contre les malfaçons : elle regrette, mais elle n'a pas de moyens pour rattraper mon système respiratoire, ma colonne vertébrale, et quelques légères névroses familiales (il paraît que ce sont de petites erreurs de chantier tout à fait classiques). Enfin, comme on dit, les mères ne sont pas responsables, elles ne sont qu'à l'origine !

Ras le bol des polémiques, vive le Pont de Calatrava, le 4ème sur le Grand Canal de Venise !


Historique : il y a un quatrième pont sur le Grand Canal (entre la gare et Piazzale Roma).
Et bien qu'il y ait eu concours, exposition des projets, votes des citoyens, maintenant qu'il est fini, bien sûr, il y a une association pour demander sa destruction.
Oui, c'est un pont de Calatrava, post moderne, bionique, élégant, futuriste (et pratique : il évitera 800 mètres d'escaliers divers et de détours aux étudiants qui viennent de Mestre par le train de banlieue prendre leurs cours... d'achitecture dans le grand batiment que l'on voit derrière).
Ras le bol des polémiques et de la démocratite aigue handicapée : pour rester vivant, et à Venise c'est un sujet crucial, il faut bien changer le monde un peu chaque jour, et certainement pas vivre dans un réfrigérateur nostalgique, conservateur et frileux où la civilisation n'attrape que des rhumes morbides.

dimanche 7 septembre 2008

Avant de retrouver Toulon, deux jours seul entre le ciel et l'eau


D'habitude, je n'aime pas la côte orientale, mais il y a des coins cachés près de l'étang de Diane et de ses huîtres qui reconstruisent les cellules.

Fin d'après midi, au B. de Sagone


Même si la Corse n'est jamais simple, la fin de l'après midi, au B. de Sagone (Bowling, mais ce n'est pas un Bowling, c'est une patisserie et grand grand bar lounge avec grande terrasse et trois frères tous mieux les uns que les autres), c'est un moment sans équivalent.
Et c'est resté d'un calme total, bien que la Casa Culioli ne soit pas loin (les initiés comprendront !).

samedi 6 septembre 2008

Madrid, Saragosse : un peu de grandeur contemporaine espagnole






Madrid, l'été, sans canicule, c'est la grandeur d'une capitale qui a le sens du détail et du rêve, avec notamment un "palais de cristal" plus beau que celui de Londres mais dont on ne parle jamais, les tortues du jardin tropical de la gare d'Atocha, les magasins gigantesques et branchés qui échappent un peu à la standardisation internationale (ou plutôt ouvrent à la standardisation hispanique, ça change du reste de l'Europe), les musées exceptionnels car il n'y a pas que le Prado ho là là l'originalité de la fondation Thyssen, les immenses cafés ouverts à pas d'heures malgré la désertification estivale, la présence immatérielle de l'amérique du sud...

Les TGV sont piles à l'heure et nettement plus confortables.

L'expo internationale de Saragosse - une grosse ville au milieu d'un étrange désert sec parfois rythmé de zones industrielles et d'agriculture - débute par une oeuvre d'art gratuite : une tour où il faut marcher en rond dans les rondeurs de la façade(en tout 1,6 km) pour atteindre son sommet après avoir vu tous les détails de la reproduction en métal léger du déplacement d'une goutte d'eau, grossie un certain nombre de milliers de fois.

Azemmour, vacances sur les traces de Foucault et Barthes



Azemmour est merveilleusement placée.
Une heure de route de Casa, la Barcelone du Maghreb, et quinze minutes d'El Jadida, le Deauville de l'Atlantique d'Afrique du Nord.
Deux grandes plages immenses la bordent, sa médina est minuscule.
Et j'adore que rien ne soit (encore) fait pour le tourisme, c'est d'ailleurs même le contraire.
Deux ryiads d'hôtes dont un luxueux et discret où l'on se rappelle de Jean Louis Bory et de Christiane Rochefort, l'autre familial mode Château Rose, c'est tout.
Le reste brut de décoffrage : tout au naturel, pour le meilleur et pour le pire.
A un tel point que... Barthes et Foucault y venaient pour profiter du Maroc profond, et certains regrettent leurs discussions.
Un long et grand marché plein d'odeurs d'Orient (je reprends là une plaisanterie douteuse d'un reporter du National Géographic qui disait du mal d'Ajaccio dans les années 30 en précisant de façon un peu malveillante que bien que l'on soit près de Rome certaines odeurs n'avaient rien à envier aux marchés aux poissons de Syrie).
Un grand souk toute la nuit, avec rien pour les touristes.
Des terrasses de café, pas de restaurant pour estomac européen, des brochettes un peu artisanales et pas bonnes pour nous (mon Badre préféré m'a révélé que lorsqu'il va dans sa famille au bled, il commence l'Immodium à Toulon une semaine avant, et m'a fait promettre que j'y penserai la prochaine fois).
D'où, historique, les barbecues de chantier au sommet du plus beau chantier de Ryiad du monde. Nous avons eu l'immense privilège d'inaugurer le riyad le plus blanc d'Azemmour !
Et des vestiges qui seront peut être remis en état un jour : la capitainerie portugaise, le chemin de ronde ruiné où sont d'ailleurs totalement abandonnés des canons portugais également... malgré leur âge et leur sens historique.
A El Jadida, le réservoir d'eau (également portugais), avec son allure de nef gothique, est déjà (bien) géré touristiquement.
Le long du fleuve qui mène à la mer, il y a une très belle promenade. Elle aboutit à l'Océan.




Chez Monsieur Jean-Paul et Madame Nabila





Un chantier, c'est un chantier, et un couple, c'est un couple.

Bref Nabila la casablancaise se retrouve à Azemmour, dans son pays, mais y serait-elle allée si Jean-Paul n'avait pas flashé sur l'endroit ?
Nabila aime les couleurs, les chatoiements, c'est à la fois culturel et personnel.
Jean-Paul le moderne a donc conçu un ryiad tout blanc et noir.
C'est donc elle qui mettra de la couleur dans les beaux volumes qu'il sait concevoir.

En attendant, une dizaine d'artisans de tous âges plus gentils les uns que les autres interviennent, dorment là, disparaissent l'après midi ou travaillent toute la nuit.

Et donnent instinctivement à J-P et N du Monsieur et du Madame, avec une sorte de douceur qui ne fait pas référence à l'idée de management de chantier !


Monsieur Jean Paul a conçu un ryiad moderne, rigoureux, lumineux, vertigineux, qui reprend absolument tous les principes traditionnels d'occupation de l'espace et s'amuse à dialoguer avec les minarets, en jouant de la lumière, de la surexposition et du secret.
Une chose m'amuse et qu'il n'a peut-être pas vue : les sombres et minérales couleurs de pierre des salles de bains sont un retour à un goût profond et personnel de la couleur que nous avons longtemps moqué et qu'il dissimule souvent : il a toujours su inventer toutes les couleurs en version moutarde, et là, les matières marocaines minérales s'y prêtent particulièrement bien : noir moutarde, vert moutarde, rouge moutarde...



Volubilité et virtuosité partagée


Le chantier de Monsieur Jean-Paul et Madame Nabila à Azemmour, c'est une expérience : il y a des sourires, des coups de fils à Monsieur Jean-Paul ("je me suis engueulé avec mon frère"), des jeunes, des vieux, des talentueux un peu tête-en-l'air, et des méthodes que je trouve fraternelles.
Voilà ce que je voudrais : hop, un dessin sur le mur. Et on parle (quelquefois la traduction joue mal, c'est une autre histoire).
Au bout d'un moment, on assiste à la réalisation d'une interprétation.

Just for Madame Nabila



Quand Monsieur Jean-Paul fait une surprise à Madame Nabila, l'ensemble du quartier le sait. Nous, on a profité, mais on est trop timides pour danser sous le regard des jeunes gens de l'association de surfers locale (on est sur l'atlantique musulman, quand même, et l'association entre l'océan et la non-consommation d'alcool, ça fait des beaux jeunes gens).
D'ailleurs, on en avait plein les yeux (les oreilles, par contre, étaient bouchées).


Un autre temps commence


Voici la toute petite église du Plan d'Anel, et, derrière le mur, son minuscule cimetière. J'y suis allé, aux confins du Var, parce que c'est là que C. a choisi de passer l'éternité. Bon choix !
Avec elle (pour moi) commence la mutation de mes lieux d'attache de Toulon, dont elle était un peu la gardienne métaphysique.
Un jour de 87, C. m'y avait accueilli, avec une dose stupéfiante de volonté, d'humour et de culture décalée, et sa soeur A. m'avait un peu terrorisé en me disant "vous allez intéresser notre neveu", elle ne s'est pas trop trompée ce jour là, mais elle aurait quand même aussi pu dire qu'il m'intéresserait, ce qui est le cas depuis 21 ans.
Cet instant, avec un petit chien impayable (le petit point blanc à gauche devant la façade de l'église) et un homme avec un panama qui marche avec énergie et détermination, est celui qui me marque, joyeux, profond à la fois, et qui certainement annonce le ton de tranches de vie à venir.



.