dimanche 20 décembre 2009

IMS Radio Player, non, non ne me remerciez pas : vous adorerez Bide & Musique


IMS Radio Player est un petit gadget pour Windows qui est le meilleur moyen d'écouter la radio qu'on veut sur son ordi.

On peut le télécharger (il est tout petit) en visitant le blog d'IMS, une charmante équipe de jeunes ajacciens créatifs :

http://blog.infomedsolutions.com/

A vous presque toutes les radios que vous voulez, de France Culture à RMC en passant par toutes sortes de choses improbables.

Et là, je vous conseille de laisser en fond "BM", à savoir Bide & Musique, la seule musithèque valable du web francophone.

La qualité du son est aléatoire.

Il n'y a pas d'animateur.

Il n'y a aucune publicité non plus.

Masi vous pourrez entendre avec ravissement des OVNI culturels, des classiques oubliés, de grands succès totalement improbables, tous les disques que vous avez achetés à 12 ans, jetés à 17 ans, et cherché à retrouver depuis.

Non, non ne me remerciez pas.

Encore une preuve de la supériorité insulaire. Forcément, quand on n'a que la mer pour horizon, on apprend à s'évader.

Vous ne serez pas déçus. Ceci dit, que le premier qui arrive à écouter BM plus de quinze minutes à la suite me le fasse savoir, il a gagné un MP3 du premier disque de Michel Berger, qui s'appelait alors Michel Hamburger. Ne riez pas, c'est aussi le nom d'un grand scientifique français (son père, d'ailleurs).

lundi 14 décembre 2009

Télé-réalité : mais non, le réel n'est pas coupé du virtuel (sinon la conscience n'existerait pas)


C'est sa deuxième baffe.
Il n'est pas question d'excuser une violence de fou, mais cette baffe n'arrive pas de nulle part.
Berlusconi - rappelons qu'il s'agit quand même d'un vieil homme de plus de 70 ans - s'est fait casser deux dents, a certainement reçu un traumatisme grave, gravissime à cet âge que la chirurgie et la mise en scène font oublier, et a certainement eu de la chance grâce aux services de sécurité et à leur rapidité.

On a beau être un héros du monde virtuel, argent abstrait et chaînes de télévision, pouvoir adolescent sans limites, la réalité est toujours là pour vous rappeler que la spéculation (intellectuelle) n'est pas déconnectée de la chair et des os, du plaisir et de la souffrance.

Berlusconi, habitude, talent et réflexe, avait été particulièrement en forme durant le meeting qui a précédé, descendant la gauche italienne (majoritaire dans l'opinion) en flammes comme il sait merveilleusement le faire et hystérisant un public lobotomisé par le confort et le bain médiatique.

Et tenir en haleine son public, c'est jouissif : je peux confirmer que moi aussi j'aime ce vieux comédien talentueux, peut être bien allé trop loin tout le temps comme d'habitude. En se disant que tout ça restait verbal. Mais non, les mots sont bien liés au réel, tant que les hommes bougent.

Le virtuel n'est pas coupé du réel, comme on nous le brandit avec un sens particulier de l'anathème à chaque invention de média.

Il y a une sorte de justice moyen-âgeuse dans cet acte horrible sur un vieillard repeint.

A part ça, je suis toujours bien content d'avoir mes repères en montagne insulaire : dans "Ma Corse me suit partout", le Nulle part ailleurs de Via stella, notre chaîne satellitaire pour insulaires continentaux, il y a eu tout à l'heure le meilleur traitement de toutes les télés (et j'ai fait la synthèse de BFM, Itélé, France 2, Rai Uno, Canale 5, Notizie 24 et Via Stella). Déchaînés, qu'ils étaient, les animateurs d'Ajaccio, ils en ont fait 40', ont repassé cinquante fois les images de la baffe moyen-âgeuse, Marina Raibaldi avec ses intonations d'italienne de Croatie plus glamour que jamais, et qui en connaissait un bout sur le sujet.

Leur conclusion ? "Il sera encore plus beau et plus jeune à la télé après ça". Or, il a visiblement fait le choix, en Italie, de communiquer au maximum sur le fait qu'il est blessé, au plus profond de lui même. Et tousles vieux riches d'Italie de se trémousser devant la porte de l'hôpital : "le vieux lion est blessé ! Il souffre ! Il renaitra !"

Qu'est ce que ça fait de ne pas avoir de prise sur le fait qu'on est qu'une image ?

Je n'aimerais pas être à sa place, je n'aime pas ce quotidien où on tape sur un vieil homme repeint.

Je ne collerai donc pas ici la photo que les médias italiens repassent jusqu'à plus soif, mais cette image toute petite et souriante, où on le reconnait à peine, qui rappellera d'autres images.

Dommage pour ce vieil homme qui ne veut pas incarner la sagesse, mais il a dans ce pays des universitaires qui auraient pu lui mettre la puce à l'oreille.

Nini Candalino distinguée universitaire napolitaine, disait, je crois, quelque chose comme : "on ne peut pas mettre un corps humain à la télé, c'est tout de suite de la viande, tout de suite de la boucherie".

dimanche 6 décembre 2009

La vie matérielle, comme disait Marguerite Duras

... est très fatiguante.

Voici deux objets qui colorent ma vie, plastique, couleur, hygiène, sens pratique et esthétique décalée.



Tout d'abord l'idée la plus dingue des designers d'objets de cuisine les plus fous du moment (Joseph & Joseph, deux jumeaux anglais quadras qui ne se ressemblent pas) : le "Chop2pot". La seule planche à découper qui permet de verser ce qu'on vient de découper dans la casserole sans en foutre partout.

Hop, on serre la poignée dans la main, l'objet se transforme en pelle et frrrooooo ça glisse comme d'un ramasse miette directionnel. Pop : le mien est jaune, et hygiène moderne : ça passe au lave vaisselle.

C'est une innovation : ça n'existait pas avant et ça modifie un geste productif en le faisant progresser. J'adore les innovations.



Ensuite, glissons en Italie, depuis des années je n'ai pas fait l'effort pourtant très attendu d'acheter le seul balai à chiotte (ooooppssss) qui vaille le coup (si j'ose dire).

Celui de Alessi, qu'il a osé dénommer "Merdolino". Attention, le nom est déposé (si j'ose dire).

Il transforme vos toilettes en jardin.

Ce n'est plus une brosse, c'est le jeu de la terre et du végétal en transformation ! Enfin ! C'est fait ! Que de conséquences écolophilosophiques sur les moments les plus intimes de ma vie faite de réflexion !

Mes toilettes de Toulon sont un jardin zen !


Trop d'homos ? Emigrez en Iran !

En parlant à un amphi d'étudiants américains, avec certainement une grande sincérité enfantine, le président iranien actuel, second mandat, a expliqué qu'il n'y avait pas d'homosexuels en Iran.

Un éclat de rire collectif a répondu, il n'y a rien d'autre à répondre, sauf que chaque année une dizaine d'adolescents sont pendus pour sodomie en Iran.

Les intégristes juifs (religieux, c'est tout ? Nationalistes ausi, puisqu'il jouissent d'une nation pour réparer ce que le nationalisme a fait aux juifs) ont provoqué un attentat meurtrier contre une association gay il y a quelques mois, comme si les attentats israéliens ne suffisaient pas.

Trop d'homos, émigrez en Iran est le seul slogan planétaire qui me transporte en ce moment, et puis j'aime bien l'électro israélienne, quand elle ressemble à celle des immigrés iraniens, ici c'est le cas.

Yehonathan a fait la chanson qui suit, "Nifradnu Kach", pour les victimes de l'attentat contre un centre LGBT de Tel Aviv. Le coupable n'a pas été retrouvé, dans ce pays grand comme deux départements français, disons le Var et les Alpes maritimes.

C'est une reprise d'une chanson des années 70, à l'origine l'histoire d'amour interdite vécu par la parolière, Smadar Shir, avec unamant plus âgé qu'elle. Yehonatan a juste modifié quelques mots pour évoquer l'amour entre hommes -en hébreu, la conjugaison se fait selon le genre de l'orateur.

« Nous nous sommes séparés ainsi
Il y avait un silence
Il n'y avait rien à dire
La rue était bruyante
Remplie de monde
Comme si rien ne s'était passé.

C'était seulement hier
Mais il semble qu'une année s'est écoulée.
Des moments de rêves,
Il ne reste que la musique… »


jeudi 8 octobre 2009

"J'aurai raconté des histoires avec des filles, personne n'aurait rien remarqué" (Frédéric Mitterrand, 2005)

Evidemment j'ai du mal à tenir en place après la prestation de Frédéric Mitterrand et de Laurence Ferrrari sur TF1. A l'école de journalisme, on m'avait bien appris que la seule bonne réponse dans une interview c'était oui ou non, j'avais trouvé ça dramatique ou un peu court.

Pourquoi avoir cherché à expliquer à 20 heures, sur TF1, avec Laurence Ferrari, ce qu'Aragon appelait le "mentir-vrai", et qui définit toute oeuvre d'écriture, alors que Marine Le Pen sait parfaitement nager dans la boue ? D'autant plus difficile que le livre a eu du succès, qu'il avait été à peu près compris à l'époque, et qu'il le présentait comme autobiographique.

J'avais lu dans l'après midi le passage du livre mis en question par Marine Le Pen, émouvant, au souffle court, cherchant le vrai, dénonçant le sordide de la condition et très respectueux de tout humain.

Mon petit côté moraliste chrétien socialdémocrate libertaire avait quand même ramené à la surface le mépris que j'ai pour la souffrance des folles honteuses que le poids des fausses bienséances pousse à la comédie ici, à des actes sordides ailleurs, alors que sur la moindre plage en France on peut nouer des relations tout à fait satisfaisantes (et de grandes passions) si l'on ne se déteste pas trop soi-même.

Mais il était clair qu'il n'y avait que la peinture d'une déchéance bourgeoise et d'un avilissement de soi, raconté pour essayer d'en sortir. Ni pédophilie, ni apologie de la prostitution, encore moins du tourisme sexuel. Juste une naïveté d'ado bourgeois tellement engoncé de préjugé qu'il tombe amoureux de la prostituée qui le dépucèle.

Frédéric Mitterrand a été lumineux, autocritique, recherchant le vrai.

Il a condamné la pédophilie, le tourisme sexuel. Avoué ses perditions souffrantes.

Le public retiendra certainement le contraire.

Et on ne peut en retenir que la confirmation d'une série de brouillards d'amalgames qu'il essayait de démonter. Quand on ne tue pas un cliché, on le laisse partir en volutes avec ses suites : le journalisme est avant tout une simplification.

Bref je ne vois pas comment 70 % de la population aurait pu un instant comprendre ce qu'il disait.

Pire, cela conforte l'idée de plus en plus tenace qu'un politique devrait être au dessus de tout, et n'est pas un citoyen comme un autre. Autrefois, c'était l'Eglise qui se mettait dans cette position, on sait ce que ça a donné.

Et la dernière fois qu'on a essayé de le mettre en pratique, c'était en Allemagne dans les années 30, dans certaines dictatures communistes et dans l'Espagne de Franco.

Au fait, qu'est ce qu'il chantait Tino Rossi ? "Tu n'as que seize ans, mais faut voir comme tu affoles déjà tous les hommes... la rondeur de ta poitrine qui les rend fous".

samedi 26 septembre 2009

Je ne suis plus de mon époque : l'urbanisme crée un territoire inhumain et polluant


Déjà, quand j'étais un post moderne moderniste, je défendais le béton et les tours, la technologie préimplantée dans la construction, et moi j'habitais dans des maisons du XVIIème ou du XIXème; j'avais bien noté la contradiction mais on fait ce qu'on peut.

- rond-points et hangars suburbains au lieu de boutiques et magasins dans des rues où flaner entre deux cafés : essence perdue, temps perdu, absence de désir,

- villas en parpaings avec petit jardin au bout des autoroutes embouteillées à l'heure où vous en avez besoin : terrain agricole perdu, transports et éloignement qui interdisent toute invitation à dîner, dédales de rue identiques, temps perdu.

- centre ville désertés : paupérisation dans des quartiers où restent seuls rmistes, immigrés... et touristes, impossible de se garer, transports urbains inadaptés au rythme des jours et des saisons : bombes sociales à retardement, dislocation des lieux symboliques de rassemblement.

Tout cela est en semi-ruine en permanence le long de mètres cubes de bitumes (la terre agraire pourra-t-elle absorber un jour ces saloperies chimiques ?).

Un jour cela tout sera totalement en ruine, que s'y passera-t-il ? Mieux ou pire que les "grands ensembles", qui étaient des progrès à l'époque : lumière, services et hygiène pour tous, jusqu'à l'arrivée des grues de destruction pour y ôter de la vue le rassemblement de toutes les pauvretés.

Et les moyens de recycler tout cela seront ils disponibles ?

Il est urgent de revoir Brazil, de Terry Gilliam


Brazil, le film, date de 1985.
Bien que ce soit un film anglosaxon, qui donc crée doute et inquiétude dans mon esprit, force est de reconnaître que Terry Gilliam (un Monty Pithon), a fait plus que de l'anticipation ou de la simple politique fiction.
Il décrit exactement le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Est ce un hasard si il a été réalisé juste après 1984, année immortalisée par Orwell ?
- Etat de paix troublé par des multitudes de petits actes terroristes.
- Besoins sécuritaires : publicités pour des "vacances de luxe sans peur sécurisées" (j'ai vu les mêmes cette année en Uruguay !!!!!.... à l'intention des américains états uniens, tiens tiens).
- Chirurgie esthétique cahotante et artificialisation des corps.
- Mélanges de technologies anciennes et nouvelles complexes qui permettent tout, mais dans la complication, l'instabilité, et le dysfonctionnement mineur permanent, sur fond de services après vente inquiétants parce qu'automatiques et défaillants : "votre temps d'attente sur notre centre d'appel est de 45 minutes...", comment a-t-il fait pour rire avec ça : il n'y avait pas de centres d'appel à l'époque ?
- Politique réduite à un discours paternaliste (pas peur...) et archaïque (il faut laisser les forts et les riches s'occuper du monde pour que le monde soit fort et riche), etc...
- Libéralisme qui se met à ressembler au soviétisme à force de formulaires, procédures qualité et autres bureaucraties...* voir ci dessous
Et la prolifération de personnes agées riches jouant avec l'avenir de tout, même le quotidien de leurs enfants déjà vieux...

On voit même un ministre tenir le discours que tient aujourd'hui Brice Hortefeux ou celui que tenait Georges W Bush.

C'est tellement anticipateur (24 ans d'avance !) que je me demande si, d'hommage à Orwell en hommage à Orange Mécanique en hommage à Metropolis, nous ne faisons pas exprès de donner au monde la forme de ces oeuvres d'anticipation, parce que la peur est un sentiment délicieux qui évite de se poser le problème des plaisirs simples (ou sains) ?

Et le type de violence que créent les cultures anglosaxonnes n'est il pas en cause ?

Je vais en parler à Lulu (elle est en train de sadiser un papillon, bien qu'elle n'ait aucune origine anglosaxonne. Il n'y a pas d'espoir sur la terre).

* ça me rappelle le système ISO 9001 version 2000 de la Corsica Ferries : une nuit, je vais aux toilettes à 1 heure du mat. Sur la porte, un formulaire ISO garantit aux usagers qu'elles ont été nettoyées à : 2 heures !

jeudi 17 septembre 2009

Un argument hétéro de choc pour le mariage gay


C'est ce bel hétéro de feuilletons américains (sportif, semble-t-il) qui a trouvé l'argument pro-mariage gay le plus dingue (et curieusement cliché homophobe en même temps) que j'aie jamais entendu : "quand une femme se marie, il y a de grandes chances pour que ce soit un gay qui lui ait fait sa robe. Et lui il ne peut pas se marier, lui, vous trouvez ça normal ?" Bon, je vais me recycler en styliste de mariage... ceci dit, je ne me marierai ni en costume (ça va pas !!!!), encore moins en robe dessinée par un hétéro qui peut se marier (mais alors là ça va vraiment pas, hein ?).
De toute façons, il n'y a que Lulu qui veuille se marier avec moi (certainement encore une histoire de Sheba).

mardi 8 septembre 2009

Simone


Eté 79, me voilà impromptu imprévu en stage à Toulon qui n'était pour moi que quelques immeubles atroces à la descente du bateau, un port à éviter, vite aller prendre le petit-déjeuner à Aix.

Premier jour tranquille, je vais voir la merveille dont tout le monde parle : Châteauvallon.

J'attends un théâtre, et voilà une vallée sèche et abrupte, plus corse que continent, plus sérieux que la façon dont je vis en général la Provence, et au bout de quelques chemins, un homme et une femme, il sculpte une pierre levée, et elle, cheveu noir et oeil vraiment vif (même présence que ma mère à 40 ans !) lui parle. Bref on discute, c'est marrant, j'ai l'impression de les avoir toujours connus et d'avoir mon âme là autant qu'en Corse.

Je n'aime pas le théâtre, et à cause d'elle je m'y suis quand même intéressé.

C'était Simone Komatis (et Henri), et j'avais l'impression, dès ce moment là, que ce serait pour l'éternité. Elle n'est plus là et j'ai toujours cette sensation.

dimanche 2 août 2009

Queer is beautiful

Et revoilà le beau Mika !
Une peu trop jeuniste, un peu trop folle de son corps (dans le clip qui vient d'être retiré d'internet, il est à moitié à poil du début à la fin : il était ici même jusqu'à il y a deux minutes), mais quand même absolument optimiste, libertaire et joliment commercial.
Cet autre clip postpop me laisse perplexe sur l'avenir de la notion de production en série. Mais depuis les années 80, on en parle tout le temps, c'est vrai.
Un petit disque de lui est passé totalement inaperçu entre temps, mais il revient là aux sons hypervendables (cette fois ci, c'est Queen, les Beatles, Gary Glitter et les Rubettes réunis).
Pour en faire un élément de réflexion psychosociofashionista, on risque de devoir attendre que Sheila entre au Collège de France.

samedi 1 août 2009

J'ai enfin pu voir tout Sorru in Musica en entier


Aaaaah, Bertrand Cervera.
Originaire de Rennu, une châtaigneraie au dessus de chez moi, qui forge le caractère : c'est un coin très froid et magique aussi, coupé des montagnes environnantes comme de la mer.
Violon Solo à l'Orchestre National, également.
Magnétique et latin, peut être parce qu'il a hérité des yeux verts des Due Sorru dont mon frère a également hérité, et bien sûr pas moi.
Tout cela fait qu'au bout de six ans d'efforts joyeux, son festival "Sorru In Musica" prend une grande dimension.
Un concert de grande tenue et des animations éducatives ou festives (et toujours incroyablement bon enfant) chaque soir au mois de juillet dans deux villages des deux vallées (ce qui nous fait huit jours à ne pas rater).
Magique.
Soit dans les églises des villages, baroques et souvent vraiment belles, apparitions dans la campagne d'altitude la plus préservée de Corse, soit sur les places, sous les châtaigniers, sous les oliviers.
Un petit bout de ces moments qui déplacent trois mille personnes (il y a 1900 habitants en tout dans le coin) et que beaucoup de touristes n'ont pas remarqués :

- sur la plus belle place de Vico, le Carmen réécrit par Jean Claude Carrière, avec apparition du mari de Carmen, en respectant la partition, et avec quelques ajouts polyphoniques,

- tout en haut, dans le village équilibriste d'Ortu, à quarante minutes de virages nocturnes : une soirée baroque frisant l'exceptionnel (c'est l'image du haut : Haydn et Vivaldi bien compris, mêlés à... de la musique taurine, un phénomène hispanique peu connu : la Oraciòn del torero de Joaquin Turina), se terminant dans la nuit par une dégustation dans la rue des gateaux préparés par les dames du village pour les spectateurs,

- à Coghja, planqué dans un creux entre Vico et le littoral, une nuit de percussions contemporaines, Xenakis bien interprété pour la première fois depuis longtemps...

- à Coghja toujours, la redécouverte d'Henri Tomasi, contemporain précurseur et corse dans les années trente et cinquante, avec Robin Renucci en personne mais un peu trop dramatique à mon goût comme récitant sous les arbres...

- la projection dans la cour du couvent, avec une partition pour cordes toute neuve écrite par Bertrand Cervera me semble-t-il, d'un mythe retrouvé du cinéma : "les Trois Masques", un grand succès des années 20 tourné en Corse,

... et je passe le reste, dont un Stabat Mater de Pergolèse à Guagno, tout au bout de la route, les jeunes des workshop en exercice dans la chaleur de fin d'après-midi...

Ci dessous mais oui c'est bien Robin Renucci, à gauche, protecteur avec les voix d'enfants de "Retour à Tipasa".

Impossible de photographier net la terreur de Balogna


Unu : Lulu a atteint sa taille adulte, toute mignonne car les animaux insulaires sont heureusement plus petits que leurs cousins continentaux. Juste au moment des grands retours au village.
Secondu : Lulu est un chat d'appartement né à la campagne (et jouait dans les fontaines, faut il le rappeler). Elle développe sa première et sa seconde personnalité, comme tout être soumis à deux cultures en même temps, selon l'endroit où elle se trouve.
Tertiu : quel délice d'être le papa de Lulu, indépendante et affectueuse comme elle est.
Quartu : pour son retour au village de juillet, Lulu a essuyé un trajet en bateau avec des creux de cinq à six mètres et a été malade du début à la fin.
Notons par ailleurs que la tempête en question était étrange : je n'avais jamais vu ça en été, surtout aussi bien accordé à nos horaires (début de la tempête à l'heure de départ du bateau, fin de la tempête à l'heure d'arrivée du bateau).
Lulu a donc vomi du début à la fin.
Et j'ai vraiment tiré le bon numéro avec elle : pendant toute la traversée, elle a miaulé discrètement de douleur étendue sur le canapé.
Sauf pour aller vomir en titubant... dans l'évacuation de la douche.
Pas de doute, cette chatte est parfaite.
Tout à fait remise dès son arrivée au village, elle a, pour fêter son passage à l'âge adulte, passé la nuit à décréter les limites de son territoire : tout ce qu'elle voit autour de la maison.
Elle a viré tous les autres chats, tous les autres chiens et même les vaches grâce à des techniques de harcèlement extrêmement sophistiquées.
Tout en restant un chat d'appartement capable aussi de grimper avec adresse dans les tilleuls, à une vitesse qui fait que je n'ai jamais pu la photographier nette.
Et bien qu'elle n'aime vraiment pas la voiture, elle n'a pas manqué l'heure du retour à Toulon (la traversée, heureusement a été plus calme, sieste ronronnante d'Ajaccio à Toulon).

dimanche 5 juillet 2009

Qui sait que toutes les grandes villes du monde ont pu voir Home en même temps ?


Quel gâchis... la diffusion de "Home" a été vécue en France comme nationale, politicienne au petit pied, et, mais c'est mon opinion personnelle et que la mienne et pas celle de tout le monde qui peut penser différemment, ben oui : la généralisation de l'esprit poster Scandécor ou calendrier des postes sur fond de dissertation de seconde sur sujet sans débat. Bon, ceci dit, c'était très joli et ça ne mange pas de pain.

Au fait, si je vendais Lulu en calendrier ? Je m'égare.

Mais comment se fait il que l'on n'aie pas communiqué en France sur le fait que ce jour là, tout l'appareil français à l'étranger, ambassades, centres culturels et Alliances Françaises s'est décarcassé pour que le même jour, une centaine de pays voient le film, à la télé (parfois sur plusieurs chaînes), dans des projections publiques, de Dar-es-salaam à Montevideo...
Personne : en France, on se limite à se souvenir des 8 millions de spectateurs sur France 2, de la gratuité ou non de son téléchargement, et de l'éventuelle influence sur la partie française des élections européennes.
Dommage, dommage, de ne pas avoir expliqué ce qui se passait, ni parlé de comment le film a été reçu selon les endroits, selon les cultures.

Et qui s'est posé la question qui m'amuse dans cette affaire : les stars planétaires françaises, celle qui sont réellement diffusées et connues partout, sont le plus souvent de vieux loups de mer qui font de jolis films sur la nature. Arthus Bertrand prend le relais de Cousteau, longtemps le seul français connu dans le monde entier. Au suivant !

Strictement inapplicable en Corse


Depuis tant d'années, on cherche en Corse la solution contre la divagation des animaux sur les routes. En général, il faut qu'un élu qu'on aime bien ou quelqu'un de sa famille ait un accident pour qu'on se bouge (exemple : Letia. Plus une vache sur la route).
La solution uruguayenne est incroyable : les vaches ont des droits de passage horaires chaque jour...

Et encore quelques casitas en Uruguay





Décidément, elles me tournent beaucoup dans la tête, les petites maisons de campagne des Uruguayens, qu'elles soient pour touristes ou pour soi. Allez, une dernière livraison, une preuve de plus que la légèreté quant à la réglementation peut avoir aussi de jolis résultats, et que l'absence d'homogénéité peut être source de grande beauté tranquille (mais c'est quand même vrai qu'ils ont quand même beaucoup de place et qu'il rode des dangers partout : Jose Ignacio, par exemple, est en train de devenir un Saint Tropez lourdaud, et c'est tout à fait dommage.

dimanche 28 juin 2009

Politique du crépuscule ou goût de la catastrophe et de la crise ?

D'accord, la population a vieilli.

Mais pas tant que ça, et la natalité s'est beaucoup arrangée chez nous, plus que partout ailleurs en Europe.

Et il y a en France une jeunesse post coloniale, française, grandement d'origine maghrébine dont on commence seulement à constater l'apport au fur et à mesure qu'elle s'invente un avenir beaucoup plus sophistiqué que ce qu'ont subi leurs parents.

Il est frappant de voir le courage avec lequel le gouvernement s'attache à imaginer de forcer tout le monde à travailler après 60 ans, quelle que soit sa santé, quelles que soient ses capacités, quel que soit son passé.

Et rien pour faire travailler les jeunes ! Alors que nous avons un chômage des jeunes parmi les plus hauts du monde.

A ma connaissance nous n'avons pas en vue de problème de subsistance ni de production : nous produisons trop. Oui, oui. Trop de choses matérielles, pas bien distribuées. Pas assez d'innovations intellectuelles, dont le monde a besoin.

Et nous effectuons depuis vingt cinq ans un génocide sur la jeunesse.

Il est logique d'avoir le droit de travailler quand on le veut, quand on le peut, come on peut, comme on veut. Et qu'on n'blige personne à s'arrêter s'il ne le veut pas : je pense à quelques agriculteurs, par exemple...

Il est étonnant qu'un gouvernement libéral n'invente pas une solution libérale.

Et soit si muet sur le chômage des jeunes.

Rappelons nous : les emploi-jeunes de Jospin, loin de peser sur les déficits, avaient permis de redonner une ambiance vivable dans le monde du travail, et... rééquilibré les comptes de la sécu et des assedic.

Allez, quand on veut, on peut. Dommage que la gauche soit totalement muette elle aussi, ait été paralysée sur ce sujet quand elle était au pouvoir et ne propose aucune solution, alors qu'il y en a beaucoup...

lundi 22 juin 2009

Au bout de la terre, au pays des bisounours


Il y a dans mon entourage quelqu'un qui fait toujours référence au pays des bisounours, pour en général dire qu'il n'en est pas un et qu'on n'est pas au pays des bisounours.
Mais si, ce pays existe !
On s'aperçoit qu'il existe dès les débuts de l'âge adulte, une fois qu'on a appris à lutter contre les frayeurs de l'enfance !
Cela dit, j'ai quand même du mal à retomber d'Uruguay, peu de corruption (mais, je sais, des comptes bancaires parasiaques), des taux d'éducation record, etc, etc...
Allez, encore un peu d'effort et je supporterai à nouveau les tensions françaises.
Au fait, ça, sur la photo, c'était très bisounours socialdémocrate : une expo d'ours tous en rond sur la place de l'indépendance à Montevideo, chacun dessiné par un artiste du monde, pour dire que tous les bisounours sont différents et qu'ils s'aiment qand même.

dimanche 14 juin 2009

En finir avec mai 68 ? Ou avec un rapport joyeux avec l'idée d'avenir, l'adolescence et l'enfance ?


L'un des objectifs de l'actuelle présidence française était "d'en finir avec mai 68".
Et la seule nouveauté politique de ces dernières années, c'est ?
Dany Cohn Bendit.
Et des Grenelle sur tous les sujets qui peuvent rendre populaire.
Sa vie politique a commencé par la révélation qu'est son identité : un jeune franco-allemand, en 68, les plaies de la guerre à peine regardées, c'était déjà un fait en soi.
Un jeune franco allemand, à l'époque où on disait toujours "les boches", qui regardait les CRS en souriant et en répondant à leurs armes par des fleurs.
Que reste-t-il de Mai 68 : le droit de ne pas être d'accord, le droit de vivre sa sexualité.
Ces derniers jours, il s'est trouvé de bonnes âmes pour continuer la glissade de François Bayrou sans pour autant créer le débat qu'il aurait pu porter.
Et qui aurait été tout à fait passionnant.
On trouve d'un seul coup sur You Tube des extraits de TV du début 80 où Dany Cohn Bendit, élu municipal allemand vert, dit deux choses aujourd'hui bien embêtantes : "c'est fantastique, 1: de manger des gateaux au cannabis, 2: d'être déshabillé par une petite fille de 5 ans". De quoi avoir un infarctus même avec le coeur le plus robuste.
A l'époque c'était banal.
Aujourd'hui c'est terrible.
Qu'est ce qui a changé entretemps ?
Je parie que c'est le rapport à la jeunesse et le goût de rêver l'avenir.
Si ces phrases ne choquaient pas, c'est qu'il y avait à l'époque un fort respect de la jeunesse - un tel respect que l'on pouvait dire des choses pareilles sans qu'elles soient dangeureuses) et une confiance en l'avenir.
Une morale de la joie du temps qui passe et de la construction du progrès, du plaisir, du bonheur.
Pour pouvoir regarder la liberté, il faut pouvoir concevoir la place de l'autre et son respect absolu.
Or nous ne pensons plus qu'à nous mêmes, seuls avec nos technologies de communication et nos virements bancaires depuis nos ordinateurs personnels.

Au mieux, ce que nous rêvons de protéger, ce sont nos futurs profits personnels (toujours plus bas depuis 20 ans), et protéger notre maison la terre (toujours plus détruite depuis 20 ans).
Ides libérales et post-soixante-huitardes ont le même défaut, que nous ne dépassons pas : où se situe la limite de la liberté individuelle par rapport au bonheur partagé ?
Je ne suis pas sûr qu'il faille en finir plus avec mai 68 qu'avec un libéralisme mangé par un matérialisme sans richesse à venir.
C'est peut-être ça, en finir avec mai 68.

Il est cependant peut-être bon de rappeler qu'en général, les élections européennes sont l'occasion d'une bronca contre ce qui paraît établi, et qu'y apparaissent des tendances qui disparaissent quelques mois plus tard. Il faudra y penser quand le congrès se réunira à Versailles.

mardi 9 juin 2009

Aix n'est plus dans Aix, Patrick Cardon, reviens (en solex)


Enfin des élections intéressantes ! On va revoter pour la mairie d'Aix !
J'ai quelques petites choses à dire sur le sujet :

Je ne fais pas partie de l'association de cadres pédés "l'autre cercle" pour trois raisons.
Je n'y ai trouvé personne avec qui dire quelque chose d'intéressant.
Au début d'un des dîners auxquels j'ai participé, j'ai entendu : "nous sommes une élite".
Au milieu d'un autre dîner, j'ai entendu des cadres pédés aixois, certainement une élite, s'effondrer d'admiration pour Maryse Joissains pour une mauvaise raison : parce qu'elle serait une femme qui souffre. Seule la Madonna le peut, pourtant, parce c'est une image et qu'elle n'existe donc pas. Ce serait insupportable de laisser tant de souffrance réelle sur la terre sans faire quelque chose pour l'arrêter. Ou tant de machisme...
Maryse Joissains est elle une image ? Non, c'est une avocate de l'affaire du sang contaminé, un maire d'une ville qui se développe, qui a ouvert un théâtre...
Enfin, elle a pris la suite de son mari à la Mairie d'Aix dans des conditions de conflit et d'étrangeté assez fortes, et si je me souviens bien, à Toulon, on avait été contents que quelques toulonnais aillent travailler avec lui dans sa mairie au loin, même s'ils avaient un indéniable charme. Il me semble que même d'Aix ils avaient eu quelque influence sur de regrettables événements à Hyères. Elle a donc pris la suite de son étrange mari qui l'avait fait entrer au Conseil Municipal mais ensuite reniée, puis elle a ouvert les listes à sa fille.

Et en permanence autour d'elle il y a des dérapages verbaux qui corresondent aux mythes méridionaux. Aux mythes seulement...

Tout ça n'est pas digne d'Aix, que j'ai toujours trouvé infiniment plus vulgaire que Toulon. Mais il se trouve que Maryse Joissains est née à Toulon.

Et qu'en pense Patrick Cardon ? Il y a déjà longtemps, Patrick Cardon était un jeune blondinet de Lille qui un jour n'en a plus pu de Lille, est monté sur son solex ... et est arrivé à Aix (c'est vrai).

Il s'est porté candidat aux législatives trois mois après son arrivée, avec un slogan clair et historique : "il serait fou de ne pas être folle".

Résultat : les plus beaux 1 % du monde. Et il a conceptualisé la culture camp, en s'appuyant sur la fonction psychologique du kitsch. Je m'arrête là, je pourrais être très long sur les vertus libératoires de la follitude et du kitsch.

C'était hier. C'était plus joyeux, plus clair, plus animé, plus ouvert et sans injures...

Pour comprendre aujourd'hui, lisons donc l'excellent Têtu Quotidien de ce jour.

"Les élections municipales d'Aix annulées pour diffamation
Par Stéphane Garnerin, Têtu Quotidien, mardi 09 juin 2009

La maire avait sous-entendu durant la campagne que son rival ou ses colistiers seraient homosexuels. Jugeant les propos «inadmissibles», le Conseil d'Etat vient d'annuler son élection.


Le Conseil d'Etat a annulé hier les élections municipales d'Aix-en-Provence, qui avaient permis la réélection de la maire UMP Maryse Joissains. «Les attaques dirigées contre M. de Peretti, qui conduisait la liste (d'union Modem et Verts, NDLR) et contre certains de ses colistiers, ont revêtu un caractère exceptionnellement violent», a jugé l'institution pour justifier l'annulation.

En cause: deux «incidents» en cours de campagne, liés à l'homosexualité présumée des colistiers de François-Xavier de Peretti.

Le Conseil d'Etat s'est d'abord référé à un tract anonyme qui contenait notamment des accusations de pédophilie homosexuelle à l'encontre de M. de Peretti, qui se référait à ses colistiers en utilisant le féminin («elles»), afin de faire allusion à leur prétendue homosexualité. Pour le juge administratif, ce tract «a excédé largement les limites de ce qui est peut être toléré dans le cadre de la polémique électorale» car il «contenait des imputations injurieuses et diffamatoires mettant en cause la vie privée et la probité des membres de cette liste».

Egalement dans le collimateur de la justice, un dossier publié dans le Nouvel Observateur le 28 février 2008 et ayant pour titre: «Aix. Une campagne folle, folle, folle...». Dans ce dossier, Maryse Joissains, maire sortante et candidate à sa réélection, s'était lâchée sur ces anciens adjoints, déclarant: «On m'a dit, Maryse, il faut que tu tiennes tes adjoints! Pensez donc... (...) Il y a celui qui fait le Chippendale pour homme dans une boîte, à deux pas d'ici». Puis elle avait ajouté: «On dira que c'est le fils spirituel de Gaudin. Que chacun s'occupe de ses fesses». Des propos non démentis, mettant clairement en cause la vie privée des rivaux de Mme la maire.

Ainsi, le Conseil d'Etat porte un coup fatal à l'élection de Maryse Joissains: «Bien que Mme Joissains ait démenti être à l'origine du tract litigieux et qu'elle n'ait pas systématiquement cité les noms des candidats qu'elle a mis en cause dans la presse, les propos et les insinuations d'une nature et d'une gravité inadmissible qui ont visé M. de Peretti et ses colistiers au cours de la campagne ont constitué une manœuvre qui (...) doit être regardée, eu égard au retentissement d'ensemble qu'ils ont eu, comme ayant été de nature à fausser les résultats du scrutin», écrivent les 17 magistrats de la section du contentieux, une des formations les plus élevées du Conseil d'Etat.

De nouvelles élections municipales à Aix devront donc être organisées, dans un délai de trois mois."

jeudi 4 juin 2009

Miraculé !

Au début ça ne m'a pas plus inquiété que ça d'avoir emprunté quelques heures auparavant la même route aérienne que l'avion de Rio qui s'est désintégré.
Après tout, il doit bien y avoir une cinquantaine de 747 et d'A 330 en permanence dans ce coin là, qui est l'un des plus longs passages au dessus de la mer du monde (dans le Pacifique, on va d'île en île).
Et puis le rabachage lancinant des médias, l'omniprésence des cartes finissent par me donner une drôle d'impression de survivant...
Dommage : depuis dix ans j'arrive à nouveau à prendre l'avion avec plaisir, mes aventures des années 80 s'estompant (sans les roues à Nice, n'importe comment avec des militaires africains, etc) et la magie du vol de nuit dans ces mastodontes reprenant le dessus.
Même si je trouve toujours un peu ennuyeux d'abandonner les côtes au Cap Vert ou à Recife et que je passe trois heures à chaque fois à regarder les cartes en vol pour voir réapparaître la terre, ça ajoute à la magie du changement d'hémisphère.
Quand j'y repense, il y a toujours quelques vibrations au milieu de l'océan, mais pareil, c'est un peu initiatique.
Et el Claudito doit faire ce trajet deux à six fois par an depuis qu'il a vingt ans.
Cependant, je le revois quand même tout blanc plusieurs jours de suite à certains retours...
Et cette fois ci (je n'ai rien dit à P.) j'ai quand même constaté que les secousses, éclairs et lumières blanches enveloppantes duraient un peu plus longtemps que d'habitude.
Et puis cette vague de chaleur qui nous a accueillis à Montevideo, agréable mais étrange aux dires des locaux, dix degrés de plus que d'habitude à l'entrée de l'hiver... tout ça doit être lié.
On nous serine en permanence que des vents en ciseau peuvent désintégrer les avions, et ça n'arrivait pas vraiment jusque là : la nature à laquelle nous appartenons nous dépasse.
Heureusement j'ai ma sainte mère qui prie tout le temps (visiblement ça ne marche que pour moi hélas, depuis dimanche elle remercie Dieu de lui avoir rendu son fils), et sainte lulu (qui doit y être pour quelque chose, elle est tellement belle et métaphysique).
Mais ce qui me fait le plus bizarre, en dehors de la culpabilité d'avoir aimé ce vol et d'être vivant quand d'autres sont morts, c'est qu'en juillet dernier, juste après que nous ayons décollé de Madrid, un avion de la Spanair s'est écrasé sur Barajas que nous venions de quitter.
Cet air de déjà-vu est troublant.
Un conseil : prenez l'avion avant nous, pas après.

mercredi 3 juin 2009

Une précision


J., qui désire garer l'anonymat, et dont je garantis une connaissance parfaite de l'italianité, de la méditerranée, mais aussi du monde anglo-saxon, fait parvenir cette précision bien utile. Bien qu'elle ne m'arrange pas, moon goût pour la vérité m'oblige à faire amende honorable.

En fait l'ancêtre de Lucky Luke remonte à une tribu du nord Kazakhstan, il y a 5600 ans, qui s'appelait les … Botai! Si, si, ça ne s'invente pas. Ils existent toujours et ils ont même des chats. Image : Cavalier Pazyryk. 300 av.JC.

mardi 2 juin 2009

La vérité sur l'Amérique !





Allez, encore une fois, dénonçons une imposture anglosaxonne !
Le mythe du cow boy appartient aux latins.
Depuis 1500, c'est nous, et en plus au sud, qui avons inventé le beau mec viril sur son grand cheval le regard perdu sur l'horizon.
Dans l'ordre, ci dessus, un vaquero espagnol (c'est sur lui que le modèle du cow boy a été principalement formé. Première apparition, 1513 en Espagne), un gardian français et un buttero italien d'aujourd'hui.
Il faut donc absolument renommer Broreback Moutain, heu heu heu, ben je ne sais pas, il n'y a pas de montagne en Camargue ni dans la Maremme.
Et, pour finir, les vraies bottes du Buttero.
I-TA-LIEN-NEUS !!!
Suis je assez clair ?
Fabriquées à Florence !
Totalement sexy porté avec des bleus de Nîmes.
Allez, je vais chevaucher Lulu dans le soleil couchant en chantant : Sono un povero buttero tutto da solo...
Et au fait, j'ai oublié de vous rappeler que la mère de Christophe Colomb était Corse.

lundi 1 juin 2009

Adonde esta mi casita ?


Les gens qui habitent le long de l'océan, dit-on, sont soumis à des pressions atomosphériques qui les rendent légèrement dépressifs, au Portugal on appelle cet état d'esprit "saudade".
Bref je redescends doucement sur la terre européenne avec un léger spleen atemporel, d'autant plus que la côte de montevideo à la frontière brésilienne est recouverte de petites maisons de week end que j'aimerais tout à fait construire à Toulon pour y vivre toute l'année.
Modernité, originalité (il y a de tout dans un joyeux désordre très joli : chalets, blocs de verre et de bois, maisons à toit de chaume), tout le monde rivalise d'imagination...
Mais pourquoi est il si difficile de faire ce genre de chose ici ?






samedi 30 mai 2009

Nostalgies américaines


La station balnéaire de Piriàpolis (à une cinquantaine de kilomètres de Montevideo) a connu son heure de gloire dans les années 20 du siècle précédent, avec sa liaison directe en train depuis Buenos Aires, avec son hotel dont une partie a été conçue par Eiffel.
De cette grandeur passée il reste une grande plage, endormie en début d'hiver austral, aux allures arcachonaises, avec une indicible américanité en voie de décomposition (decay, plus exactement).
Involontairement, P. qui est si beau et el Claudito qui est si inoubliable se sont fondus dans leur allures aux confins de cette grande atmosphère mythique, ne manque plus que James Dean (à cheval sur la plage).

C'était le Nouveau Monde, il en reste un goût pour la modernité



Une autre raison pour défaillir en Uruguay est le sens de la modernité, persistance d'une fonction de l'Amérique que nous avons dépassée.
Les maisons de vacances des gens de Montevideo sont modernes, modestes et marquées par des gestes radicaux. Celle là touche au somptueux.
Et sur la Place de l'Indépendance, à Montevidéo, le bâtiment tout neuf de la Présidence qui va ouvrir dans quelques mois pour oublier définiment la courte dictature terminée dans les années 80 (je reste persuadé que la dictature n'est pas un genre uruguayen), répond au Palacio Salvo, qui fut à sa construction (1925) la tour la plus haute d'Amérique du Sud (95 mètres).
Son architecte a construit une sorte de réplique à Buenos Aires, de l'autre côté du Rio de la Plata, qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, mais dont les nombres sont basés sur la Divine Comédie de Dante : autant d'étages que d'épisodes, autant de bureaux par étage que de vers. Un phare devait terminer les deux buildings afin d'échanger des signaux d'une ville à l'autre...

Uruguay natural




Comment un pays où la nature est immense et les animaux détendus pourrait être mauvais ?
Uruguay natural (c'est le slogan), les petits phoques le prouvent autant que les Claudito soumis dans son humeur à la pression atmosphérique atlantique.
Et les vaches, le triple en taille de celles de Corse, les pieds dans l'herbe humide avec vue sur l'océan.
Et les cochons qui comme dans les Due Sorru traversent les routes sans prévenir.

Surprise subtropicale



Bien qu'il me semble que je prenne l'Uruguay pour une grande Corse du nouveau monde (ceci dit on n'en est pas loin dans les faits), une des raisons qui fait l'affection confirmée que j'ai pour ce coin du monde de latins perdus, c'est une espèce de douce ouverture.
Nous voici lancés jusqu'à la frontière brésilienne, honte des uruguayens qui trouvent que l'ambiance n'y est pas très comme il faut.
Et nous trouvons par surprise qu'à 400 km de Montevideo et de son climat angloméditerranéen avec vents et marées, il y a ... un coin subtropical. Palmiers les pieds dans l'eau, chadue humidité...
El Claudito revit.
Une nuit dans un ancien fortin portugais avec accueil sombre et doux (du type du chien qui fait l'accueil), et nous voilà en train de rejouer tout Zorro (ou plutôt il gentile piccolo Zorrino).

Un machisme bien compris


A pays latin, machisme en progrès, que dire d'un pays où les garçons se laissent mettre la main aux fesses par de si belles filles sous prétexte de publicité ?

Voir le début de l'hiver deux jours avant le début de l'été




On perd un peu le sens de l'orientation en passant entre les deux hémisphères.
Il y avait heureusement la semaine dernière une vague de chaleur avant l'arrivée de l'hiver en Uruguay, agréable pour nous.
Phénomènes curieux, la mer passant du froid au chaud a créé le long des grandes plages atlantiques une brume blanche, 26°. Juste de quoi voir la côte avec confort, avant que n'arrivent des nuits froides et de grands vents océnaniques réfrigérants.
Voilà ce que j'ai vu de Punto del Diablo, pauvreté volontaire, viandes à tout va dans les ranchitos du bord de mer tout en planches, ambiance débonnaire, babs uruguayens et européens endormis, métis indiens surfers avec leurs chiens, et douceur exactement inverse ce que l'on ressent en Méditerranée.

lundi 25 mai 2009

En bac sur la lagune



Après des kilomètres, des chevaux, des cochons, des pistes, traverser une lagune juste derrière l'océan, en bac, et c'est El Claudito qui conduit, juste derrière le camion d'une famille du coin. Encore un exploit (et on se rappelle le passage d'une plaque de glace en 4X4 à 4000 mètres en Argentine, il y a quelques années).

Montevideo, moderne, atlantique, latine.


Voici ce que je vois le soir. Le Rio de la Plata est dans la nuit.

mercredi 20 mai 2009

Volo di Notte (me voilà qui vole vers une très grande île)


Ho sorvolato Santos Bahia Blanca
Veduto Valparaiso e Riviera
Monte Esperanza ed il Cile
Ma un viso sopravvive
Nel Moi volo di notte
Ed attraversato Lago Argentino
Ho avuto freddo, ho sofferto
Conosciuto dei giorni colore di notte
E il sui viso vive
Nel moi sogno di notte
Nel moi volo di notte
Con te io volero
Tutt’al piu lontano e tutt’al piu su
Nel mio volo di notte
Con te me ne andro
Per il viaggo piu bello fino alle stelle ed anche di piu
Sotto me Santa Cruz e Corumba
Asuncion Santiago e Mendoza
E il giorno prende il colore della notte
E il suo viso vive
Nel mio sogno di notte
Nel mio volo di notte
Con te io volero
Tutt’al piu lontano e tutt’al piu su
Nel mio volo di notte
Con te me ne andro
Per il viaggo piu bello fino alle stelle ed anche di piu
L’ultimo giro lo faro con te un giorno
Si vedra il mare le montagne il deserto
Nel mio volo di notte
Con te io volero
Tutt’al piu lontano e tutt’al piu su
Nel mio volo di notte
Con te me ne andro
Per il viaggo piu bello fino alle stelle ed anche di piu
Nel mio volo di notte
Per il viaggo piu bello fino alle stelle ed anche di piu

vendredi 15 mai 2009

Décryptage

Terra umana (en ce moment dans la plylist) est une jolie chanson de variétés lyricisante. En général ça achève d'énerver les fans amateurs de lyrique épouvantés par les effets vocaux faciles (j'adore) et ça bluffe le gogo (c'est sympathique et heureux).

C'est une chanson d'un chanteur populaire, Patrick Fiori. Passée assez inaperçue, sauf chez moi.

C'est une des rares superproductions hypernormales en langue corse.

Et elle a trois versions, une en corse, l'originale, la seconde en français (à ma connaissance pas publiée), la troisième en italien.

Et pour la décrypter, il faut en fait procéder à une triple traduction et comparaison pour aboutir à la constatation de légères variations. Un petit coup de main : en français, c'est quasi comme en corse. En italien, un mot change, et le sens général glisse.

Et la thèse sous jacente ne plaît pas en France, secrètement en Corse, et marginalement et dangereusement en Italie.

En plus, du point de vue idiomatique, ce qui change est une expression italienne que j'adore parce qu'elle donne à ressentir une réalité culturelle et physique du territoire italien de ceux qui l'habitent.

En corse...

Terra nostra, terra umana
Nant'à lu to mare
Sì vicina è sì luntana
Quand'ella ti pare

Da lu tempu più anzianu
Sott'à lu turchinu altare
Tù stai

U mo core d'isulanu
Sempre strughje per tè
I mo sogni canteranu
Sempre pensendu à tè

Un ti stà cusì arcana
Stà à sente le preghere
Chì chjamanu lu veranu
Per la terra ch'è tù ere
Terra

En français

Terre de chez nous, terre humaine
Au milieu de la mer
Tu es proche et lointaine
Selon les jours.

Depuis les temps les plus anciens
Sous cet autel d'azur
Tu es là.

Mon cœur d'insulaire
Fond d'amour pour toi
Et mes rêves chanteront
Toujours en pensant en toi.

Ne demeure pas si hautaine
Ecoute plutôt les prières
Qui appellent le printemps
Pour la terre que tu étais
Terre

En italien

Terra ferma italiana
A l'orlo del mare
Sotto la tua chiarenza
Non ti riguardare

A la storia più lontana
Non si può mai tornare
Lo sai

Pensa al tempo meridiano
Fatto appunto per tè
Anche l'orizzonte è vano
Se l'amore non c'è

Finalmente non è strano
Il destino che faremo
Perchè lo vogliamo umano
Stiamo uniti e noi avremo
Pace

lundi 11 mai 2009

Crise des salaires, et pas d'autre chose

Qui est prêt à faire progresser l'humanité et rétablir le progrès par la prise de conscience de la vérité ?
Crise des subprimes, mensonge ! Crise bancaire, mensonge, quoique !
C'est crise des salaires, crise des inégalités qui appauvrissent tout le monde en même temps.

Deux raretés et des curiosités dans la nouvelle playlist

Pour les connaisseurs, plus kitsch encore dans la playlist : la version de Solenzara de Regina et Bruno juste quand la voix de Regina a commencé à fatiguer dans une splendeur que seule offre la maturité des femmes latines, et une version allemande napolitanogermanisée qui a fait un tabac dans les années 60 (j'ai aussi la version finlandaise, ça n'a rien à voir avec l'âge adulte : je n'étais pas né). Notons que la langue corse y est scrupuleusement respectée.
Et un petit coup de Fiori en langue corse avec philharmonique, non, non, vous n'êtes pas trop gâtés...
Et le Volare de Gloria Lasso, subtile apparition gitane où l'italien survit en filigrane... non, non ne défaillez pas, appelez les urgences avant l'évanouissement.

Des heures de travail perdues grâce au blog qui défend le bon goût musical fashionista dans toute l'Europe et l'Amérique du Sud

En renouvelant ma playlist à la suite d'une longue recherche stylistique, j'ai totalement raté mon but premier et explosé mon but final.
Dimanche soir, je constate qu'El Claudito à Montevideo est traumatisé par ma représentation en pépé à chat (tiens toi bien on arrive dans dix jours, prépare les viandes et le medio y medio). Et que son sens du jeunisme est totalement contrecarré par cette idée. Claudito, non, un pépé à chat (surtout l'incandescente Lulu) n'a rien à voir avec ce chewing gum conceptuel qui colle à tes Prada : l'adulte responsable. Au contraire, c'est le retour d'une délicieuse irresponsabilité, laisse toi la connaître un jour. C'est encore mieux qu'avoir 18 ans et tomber sur un touriste allemand dans les cannes derrière la plage au mois d'août, pendant que les parents sont à la paillotte.
Donc, dans le seul but de provoquer un désespoir énervé supplémentaire à Montevideo, me voilà à la recherche des vieux Demis Roussos les plus lourds.
Un petit coup d'Amalia Rodrigues, quand même, pour rester chic et profond.
Une découverte contemporaine au passage : la version par Sanseverino de la Maison sur le Port. Je n'ai qu'un mot : bravo. Dommage que ses boucles d'oreille ne lui aillent pas.
Pour être sûr, quelques Vicky Leandros, icone par trop négligée, dont un de Theodorakis parce qu'il faut toujorus être sérieux (et une eurovision en public pour la perfection camp culture).
Et là, comme dit Jeanne Bovier, c'est le drame.
Je retrouve tout Georgette Plana. Il doit y avoir quelque chose de corse dans le goût pour le kitsch transgénérationnel, c'est Antoine, qui est caricaturalement balanin et insulaire, qui a relancé Plana en faisant des duos avec elle alors qu'il était top mode beatnick (ça a hâté la fin de sa première carrière et fait marrer Georgette).
Que choisir ? Le Viva Espana le plus pur ? Les Roses Blanches ? Non, là, j'ai des frissons, la chair de poule et je pleure avant la fin (en vérifiant si la lumière va à mes joues).
Riquita, jolie fleur de Java, donc. Une évidence.
On touche à l'incunable et à l'éternel. A la forme parfaite que recherchaient les grecs anciens.
Dégât collatéral : je passe une heure à chanter Riquita, My Only Fascination et Viva Espana en teeshirt devant la baie vitrée avant de me coucher (en vérité, je suis bien sûr au Palais des Congrès de Strasbourg devant les clubs du 3ème âge choucrouté en délire devant mon costume flamboyant et mon grand orchestre de danse allemand piqué à Christophe. Devant le Palais, les chauffeurs des centaines de bus des Comités d'Entreprise sont au bord de l'émeute pendant tout le show. Des ambulances emmènnent dans une ronde tragique les fans victimes de fractures du fémur).
Les dégâts étant suffisants, dodo.
La vérité apparaît le lendemain.
Mon scud a touché à Luxembourg.
J. a perdu des heures de travail devant son ordi à la découverte de Riquita et a chanté à tue-tête tout l'après midi Riquita.
On aurait dû créer une radio tous les deux : il aurait été sûr qu'elle avait deux auditeurs.

mardi 5 mai 2009

Attrape-moi




Lulu (oui, Lucia di Castagneta di Balogna, pour les intimes) a rencontré l'amour au village.
C'était très physique.
Durée de la séduction avec épisodes outrés : deux jours ! Mais je ne suis pas celle que vous croyez, etc, etc ! Pan sur le nez, cours après moi si tu peux (mais enfin ?? il ne me suit pas ?).
J'ai les photos du passage à l'acte (tout le quartier a entendu) mais évidemment la décence m'interdit de les montrer ici (je les ai à la maison), d'autant plus que P. a été choqué ("on n'est pas venu pour tourner un porno félin, quand même").
Son choix est un peu consanguin à mon goût, mais on est à la montagne, c'est vrai, et la morale féline a ses spécificités, peut-être.
La question était : est-ce qu'elle aime le village ? Réponse : oui. La vraie question était : voudra-t-elle revenir à Toulon ? Réponse : oui aussi, malgré trois heures de voiture et de virage (et les maux d'estomac).