dimanche 24 juin 2007

C'est une fête qui ne plait pas à tout le monde



Mais oui, c'est la Gay Pride de Marseille. Il aura fallu que j'aie presque cinquante ans pour aller faire l'imbécile dans les rues de Marseille avec cinq mille autres qui sont de plus en plus jeunes, mais ça valait vraiment le coup.
Des jeunes socialistes rigolards distribuant des bouteilles d'eau fraiche aux papys et mamies d'Amnesty International en passant par les gentils traumatisés de SOS Homophobies, plus ça va, plus c'est une fête (allez, on fait bonjour aux gens qui nous regardent passer depuis leurs fenêtres !!!).
C'est vraiment devenu un moment festif de diversité joyeuse politique et sensible, superficiel et engagé : les jeunes (enfin, jeunes pour moi...) n'ayant pas été trop violemment discriminés à l'adolescence, ils viennent surtout pour s'amuser, avec leurs copains hétéros, ils sont beaux et en bonne santé, ils ne sont pas tristes et n'ont pas les peurs que ma génération a connues.



Comment se plaindre qu'ils n'aient plus besoin de rester en vase clos, qu'ls aient moins besoin d'être politiquement agressifs, et qu'ils fassent de cette fête un vrai moment de diversité en venant avec leurs copains hétéros, et plus seulement les filles à pédés cherchant un moment de calme dans un ghetto qui maintenant s'est ouvert ?
Et puis finalement, ce n'est pas grave de payer 25 euros pour la Sun Flower Party : elle est toujours absolument immense, elle est à nouveau mieux dans les docks même si ce ne sont plus docks mythiques des débuts, et c'est toujours la plus grande fête que je connaisse. Merci Catherine de m'avoir poussé à annuler ma sieste pour y aller.
L'année prochaine, je dormirai un peu plus avant d'y aller, parce que marcher toute l'après midi, prendre l'apéro officiel, transpirer jusqu'à 4 heures du matin, je sens que bientôt je n'aurai plus l'âge. Allez, à bientôt pour la papy tea time diversity pride !
Et regardez comme les policiers de l'association FLAG sont mignons : ça ce sont des images de l'an dernier, mais ils étaient pareils cette année avec leurs faux uniformes et leur fausse voiture de police, avec la différence que c'étaient des filles, hier, qui avaient les pistolets à eau (pas de remarques à caractère sexuel s'il vous plait).

lundi 18 juin 2007

Et pour fêter ça, ma recette personnelle du veau aux olives



Donc, vous achetez du veau, corse exclusivement, entre cinq cent grammes et un kilog. Pas la peine de faire dans le luxe : tout ce qui se découpe en gros cubes fait l'affaire.
Vous le préparez, justement, en coupant en gros cubes (enlever tout ce qui ne plait pas).
Dans le fond d'une jolie petite marmite, vous saisissez énergiement vos cubes dans une rasade dans d'huile d'olive de Coggia (une AOC Balagne peut cependant faire l'affaire). Ils doivent être dorés (c'est à ce moment que ça se joue : pas assez cuit, bof, trop cuit, rebof, bien saisi hhmmm). La chose faite, vous réservez dans une assiette la viande (que vous enlevez avec une écumoire.
Car il faut utiliser maintenant les sucs de la viande : vous jetez des lanières d'oignon (violets et gros de préférence), de la coppa en dés ou du lard mais c'est moins bien ( 100 à 200 grammes), un mélange d'herbes avec de la myrte pour une authenticité élégante, une touche de raffinement continental avec une ou deux échalottes en julienne (c'est pour le côté "d'une rive à l'autre") et vous dorez le tout raisonnablement (ça sent bon).
Puis il faut jeter la viande dans le tout, rajouter un verre d'eau et recouvrir l'ensemble avec du vin rouge (raffinement : 2/3 rouge, Fiumiccicoli ou Alziprato, 1/3 rosé, Fiumiccicoli ou Clos Alzeto).
Vous couvrez, vous laissez mijoter environ trois quart d'heures. Pendant ce temps, vous pelez des tomates, que vous réduisez en bouillie, vous ébouillantez des olives (la tradition veut qu'elles soient vertes, mais les noires donnent un caractère).
Vous jetez cela et laissez passer un quart d'heure, c'est prêt.
En ce qui concerne l'accompagnement, le nec plus ultra et identitaire, ce sont des tranches de polenta grillée (même effet de saisie que pour la viande), mais il ne faut pas avoir honte du riz et des pates (auquel cas la marque Zia Maria, et tout spécialement les vertes à l'ail et au basilic, sont indiquées).
Si ce n'est pas bon, que la viande s'est curieusement rétrécie, c'est que votre veau n'a pas été heureux, qu'il ne s'est pas nourri dans les décharges sauvages des Due Sorru avec des tas de trucs pas écolos, mais c'est justement ça, la biodiversité. Et là, faites comme moi, pleurez et dites que vous ne voulez plus revenir de Corse.

dimanche 17 juin 2007

Deuxième tour : le retour des gens qui prennent du temps pour parler et écouter

Mais quel plaisir, cette vague de prime à la proximité au second tour !
D'abord, ça me donne l'impression de ne pas m'être trop trompé en reniflant que la vague post-présidentielle ne se reproduirait pas... mais n'oublions pas qu'il y a une majorité absolue bien réelle.
Ce n'est, en plus, pas une vague de gauche, mais une vague de personnes de bonne volonté que l'on connaît : sont réélus ceux qui sont aux côtés de ceux qui votent pour eux tous les jours, et sont battus ceux qui jouent sur les médias, les effets d'annonce, l'égo.
J'ai l'impression que ce sont ceux qu'on aime qui gagnent, et ceux qui s'aiment trop tous seuls qui perdent. Et je trouve ça sympa !
En Corse, Zuccarelli, un bon maire, hélas, perd parce que ses positions aussi justes soient elles étaient trop tranchées, pas assez humaines, et Renucci à Ajaccio contre toute attente fait un vrai bon score, dont on aurait vraiment pu douter.
A Toulon, Geneviève Lévy regagne un siège plus que mérité - elle donne à la droite locale son coeur, et Couve a dû aller au second tour.
A Grenoble, Carignon ne trompe pas les ingénieurs qui réfléchissent.
Chevènement paie son enfermement dans sa tour d'ivoire...
Arnaud Klarsfeld n'ira plus sur les marchés, il est mieux dans les magazines, Buffet pourra continuer à y écouter les chômeurs.
Et, surtout, pour la première fois depuis la 4ème République, il y a un centre humaniste qui pèse.
Qui pèse, avec le plus beau des gestes politiques : presque pas d'élus, mais des élus légitimes, et une popularité, et un respect, et une singularité.
Cinq ans pour construire le centre de la France.
Si quelqu'un veut venir avec moi voir les gens de Romano Prodi en Italie, allez on y va : lui, il l'a fait contre Berlusconi, qui ressemble terriblement à Sarko.
Et puis allez, regardez comme il est beau le pédiatre qui j'espère sera aussi réélu à Ajaccio et pourra enfin faire ce qu'il aurait voulu faire pour son premier mandat...

jeudi 14 juin 2007

Des journées entières dans les arbres

Vous avez peut-être remarqué que j'essaie de parler de quelque chose qui serait une position politique/éthique autour de trois mots : nature/corps/liberté.

Des journées entières dans les arbres c'est possible, à lire, faire tout ce qu'on veut en symbiose avec ce qui entoure, retiré et présent au monde et dans l'univers, pour écouter le temps qui passe : http://www.revedecabane.com/site.html vous en donne une idée. Il faut aller voir les vidéos, ça donne une idée nouvelle de l'urbanisme. Et c'est vraiment beau. Peut être même pour y vivre tout le temps, je suis sûr que beaucoup d'entre nous pourraient tout à fait s'y trouver mieux, même sans électricité ni adsl...

mercredi 13 juin 2007

Mais pourquoi tant de désir de totalitarisme ?

Oui, pourquoi ? Effet miroir : les dictateurs défendent la démocratie (voir Sarkozy vantant la Gay Pride libre à Poutine, je suis sûr que Ségolène n'aurait pas pu, et c'est certainement très bien comme ça), et... les jeunes libertaires font beaucoup de communication pour banaliser ce qu'ils dénoncent. Vous comprendrez en allant voir : http://delation-gouv.fr/
On peut aussi se demander pourquoi il faut des subventions pour être libre comme un buttero (voir ci dessous). Ceci dit, un autre site merveilleusement réalisé par de jeunes toulonnais réussit à mêler obsession du totalitarisme... et image libérante de la nature. Je le conseille chaudement, à condition de réfléchir à cet effet miroir qui fait qu'en luttant contre les totalitarismes on finit par les banaliser... http://mac-serv.univ-tln.fr/aka/.

Les butteri de la Maremma

J'avais dit que je le dirais : la notion de cow-boy appartient aux toscans donc aux corses (et je veux bien concéder qu'elle vient aussi un peu de Sardaigne et de Camargue, et les jeans sont en toile de Nimes...). Donc, quand on se plaint de l'esprit américain, n'accusons pas tout de suite les blancs protestants anglophones... hum...

Le plus ancien métier de mec à cheval qui fait tout ce qu'il veut quand il en a envie en montrant régulièrement aux animaux (et aux filles évanouies devant tant de virilité) que c'est lui le plus fort, c'est celui des Butteri.

Aujourd'hui, leur région de la Maremma (un coin un peu montagneux au bord de la mer en Toscane, juste en face de Bastia, à 60 km à vol de dauphin) n'est plus agricole, c'est un Parc Naturel, et ils ne survivent qu'en conservant leur savoir-faire et mode de vie avec quelques services dont la moitié est touristique. Ils font toujours la transhumance, entre deux spectacles de domptage de taureaux (où ils prennent toutes les formes du rodéo). Le tout est bien sûr subventionné. La moitié de la trentaine de butteri qui restent sont des enfants de Butteri, les autres ont dû se faire reconnaître par les premiers, mais il y a actuellement même un hollandais et une fille, assez impressionnante, d'ailleurs. Du coup ils ont créé un service international (c'est le hollandais).

Souffler et respirer

Aujourd'hui, envie d'être un cheval élevé par les cow-boys de Vaccaghja. C'est tout. Et l'hiver, je mettrais des raquettes sous mes sabots pour me balader. Tout simple, non ?

dimanche 10 juin 2007

Pour en finir avec les cercles vicieux, un exemple de lettre aux impôts



Allez, glissons dans la petite socioéconomie pratique : les classes moyennes dont la plupart de nous font partie vont mal. Donc je vais mal, donc vous allez mal. Mais il y a pire encore : beaucoup, quand ils vont mal, croient se réparer en faisant aller encore plus mal ceux qui les entourent. Pour briser ce cercle vicieux (que j'ai observé de près en me consacrant il y a quelque temps à la grande précarité, où l'on voit des groupes s'entraîner vers le pire faute de pouvoir remonter), une seule solution : ouvrir le champ de l'imagination et changer les points de vue (ça, c'est pour revenir au concept du blog).

Pour preuve, un exemple de lettre aux impôts. Elle est réelle (ce sont deux extraits, le début et la fin, si vous la voulez en entier, demandez la moi dans les commentaires, et je vous l'enverrai en mail).

samedi 2 juin 2007

Des lieux... l'Art Café à Toulon, le Bowling à Sagone



Ici et là, il y a des lieux que l'on visite parce qu'ils font partie d'un rituel qui donne chair à la vie urbaine.
Pour la fin du mois de mai, l'Art Café à Toulon organisait ce que les intellos adorent : animer leur quartier, donner vie à une place. C'était fait ce vendredi 31 mai : ce tout petit lieu caché sur une place nouvelle du centre de Toulon (derrière le Lycée Hôtelier et sous Armand Thiéry) étalait autour de lui des oeuvres (sympas mais pas révolutionnaires... je vais encore me faire des ennemis), et tout un peuple ouvert à la conversation profitait d'un buffet tout à fait élégant en allant d'un artiste mort d'angoisse à l'autre (c'est normal, c'est la règle du jeu : l'art est affirmation et spéculation, donc l'artiste est liquéfié au moment du regard porté sur lui). Bref, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un tel rassemblement de gens de gauche à Toulon (il se trouve que Falco est passé en voiture juste à côté au moment où j'achetais des cigarettes, mais il était visiblement pressé. Dommage, c'est quand même grâce à lui cet effort d'animation). Malheureusement, ça ne change pas les logiques sociales : derrière cet effort de sociabilisation, derrière les jolies façades, le centre de Toulon devient de plus en plus un rassemblement de rmistes : 5000 en ce moment.
Autre lieu, le Bowling à Sagone. Un des endroits au monde où je préfère prendre un verre en soirée... il n'y a pas de bowling, mais c'est le seul lounge branché en milieu rural que je connaisse. Là, la logique sociale est claire : c'est une famille qui le tient, les trois frères beaux et gentils cherchent absolument à être au niveau du continent, donc ils sont au dessus. Musique parfaite, ethnocontemporaine avec envolées nationalistes, patisseries sophistiquées et créatives, mobilier détendant : j'y passerais des heures à voir les touristes mélangés aux ados du coin (mais qu'est ce qu'ils sont beaux !). En plus, ils distribuent les thés Mariage, et ils produisent leur propre marque de gateaux, avec des logos d'une distinction réfléchie. Autour, il y a aussi des rmistes, mais c'est la vie rurale qui veut ça, pas la dislocation des classes moyennes, et en Corse ils ont des 4x4 ! Conclusion : moi aussi je vais m'acheter un 4x4. Panda. J'entends des rires ?