mercredi 1 septembre 2010

Maintenant, ma maison est sur le continent...

Et ma tête reste en permanence de l'autre côté de la mer. En altitude.
A d'autres maintenant le retour au village et les aller retour.


Ils sont fous de joie comme je l'ai été ; je suis heureux avec eux.

samedi 10 juillet 2010

Let's be franchouillards

Un mondial arc en ciel qui se termine post colonial, blanc et protestant

On a déjà remarqué que le Mondial de foot est souvent gagné par le pays qui l'oganise.

Là, le gagnant sera l'Espagne ou les Pays-Bas. L'enjeu était au départ de remettre sur les rails l'Afrique du Sud, la faire participer au concert des nations en tant que "pays arc-en-ciel".

Un pays d'Afrique peut il organiser un Mondial ? Cela n'avait jamais été fait, et maintenant c'est réussi. Quoique les vuvuzelas nous cassent les oreilles (les noirs ont toujours fait du bruit, courent comme des antilopes, et j'en passe...). Un pays d'Afrique géré par des Africains en majorité noirs et longuement gardés au zoo, en plus.

Et qui se retrouve en finale ? Le pays colonisateur, les Pays-Bas, qui à ma connaissance n'arrivait pas à ce niveau d'habitude. Un pays où une bonne partie de la population a la mentalité rigoriste qui va si bien avec la séparation des races (l'image passée de tolérance des hollandais, peu le savent, est dûe à un phénomène triste : on trouve à Amsterdam tous ceux qui se faisaient virer de leur famille et ville d'origine pour cause de non-conformité... un boutanstan gay, en quelque sorte).

Bref, je suis ce soir à fond pour l'Espagne, et je compte le nombre de noirs dans l'équipe hollandaise. Tiens, la semaine dernière ils étaient deux et là un... on verra ce soir.

jeudi 17 juin 2010

Balogna, la tranquillité d'être soi

Dix ans que j'ai enfin, comme prévu et désiré, succombé à la mémoire familiale, celle dont je n'ai aucune raison de me défaire, celle de mes mazzeri qui protègent ma vie quoiqu'il arrive.

Dix ans que je range tranquillement et pleinement les placards mémoriels dont l'insularité et quelques mesquineries socioéconomiques nous a créé les manques. Que j'ai ma chambre, mes terrasses, mes murs de granit de 80 cm d'épaisseur, à moi, accrochés à ma montagne, ma plongée vers la mer.

Ils sont bien rangés maintenant.

J'aime la culture que mes mazzeri me rappellent la nuit.

Comment ne pas être pleinement régénéré par cette mer, ces lacs, ces murets, ce caractère, cette dignité, cette inattentation aux vanités.

Et puis à Balogna, pas d'homophobie sur mon dos, ne reste que l'air, la terre, l'eau, moi et les autres, comme ils veulent, comme je veux : les quelques remarques acides sont détruites en quelques instants par les vieilles dames de moins en moins nombreuses qui sont les seules sur la planète à m'avoir vu à tous mes âges (exemple : Daniel, quoi ? Et alors ? Dis donc, ton fils à toi, c'est pas lui qui tourne dans des pornos, dis donc ?). Ou encore : "c'est quand qu'il arrive ton chéri ?".

Dix ans de tranquillité de pouvoir être soi sans complications, même et surtout si tout le reste est délicieusement compliqué et discuté sans fin.

samedi 8 mai 2010

Ah, le bon temps du "Rien à cirer" d'Edith Cresson

C'était le bon temps !
"Moi la bourse, j'en n'ai rien à cirer", avait dit la première Première Ministre, Edith Cresson (juste avant, elle avait comparé les anglais à des "fourmis homosexuelles"), impayable au vrai sens du terme, quand même. Pauvre Sarko : pour le dixième de ça, il se fait étriller sans ménagements. Je passerai sur une analyse sémantique par trop rapide : dans le language populaire, est ce que c'est bien la bourse qu'on a l'habitude de cirer ?
Tout blah blah mis à part, cette lumineuse sortie rappelait la place de l'argent et du jeu : en dessous du politique, pas au dessus. Parce qu'on ne joue pas la vie des autres au Casino : loin de moi l'idée d'interdire de jouer à tous les jeux les plus débiles et improbables qu'on veut, mais personne n'est obligé d'obliger les autres à participer à des looser's games.
Reprenons les derniers moments de l'histoire de l'argent sur notre jolie planète unipolaire (et bientôt tout juste polaire) :
- si on prêtait à des gens qui n'ont pas de salaires en augmentant les remboursements quand ils n'ont pas d'argent ? (Etats Unis, Présidence Bush)
- si on croyait aux modèles mathématiques abstraits et sophistiqués pour obliger les entreprises à nous donner des profits de 20% qu'on dépenserait à des choses improductives pour s'éclater ? (Université Paris Dauphine, Présidence Chirac)
- si on créait en France le même système de prêt qu'aux Etats Unis ? Ooooooups, finalement non, ça a l'air de sentir le roussi, pardon pardon je n'ai rien dit (France, Présidence Sarkozy),
- si on donnait tous les sous que les citoyens n'ont pas pour renflouer les banques qui se sont plantées avec leurs modèles mathématiques sans aucune contrepartie et en ne changeant rien ? (Europe, pas encore de Présidence crédible)
- maintenant que les Etats se sont surendettés pour valider nos conneries, si on leur disait qu'on n'a plus confiance en eux tellement ils dépensent, et on ferait trimer les imbéciles qui vivent là où on va en vacances, parce que si on y va en vacances pour ne rien foutre et salir les plages, c'est donc qu'ils ne foutent rien et qu'ils sont sales ? (Quelques grands immeubles de comptables astucieux à Francfort, Londres, Manhattan et dans le sud du New Jersey) ?

On a beaucoup comparé la Grèce et la Corse ces derniers jours, il n'y a pas de hasard.

Edith Cresson, elle était pas mal, quand même (d'ailleurs je l'ai eue comme prof d'éco à Paris XIII, elle venait prendre le café avec nous dans les bars de banlieue bétonnée qui n'était alors que tristes, pas encore des quartiers à risques, avec les boucles d'oreilles les plus dingues que j'aie jamais vues : un lustre vénitien, à côté c'est rien).

samedi 1 mai 2010

Le travail, un truc de vieux

C'est réussi, la revalorisation de la "valeur travail". Non seulement il n'a jamais eu aussi peu de valeur, mais tout le monde en est dégoûté (sauf pour y mettre les autres, en les laissant absolument abandonnés bien sûr).

Mais plus grave, au moment où tout ce que le politique trouve c'est de faire travailller les vieux en laissant chômer les jeunes, c'est qu'il ne soit plus du tout à la mode auprès des jeunes, justement, d'autant plus que les vieux en sont tout à fait fatigués.

Pourtant, ce serait normal de laisser la jeunesse s'enthousiamer et changer le monde, nous bousculer... ça n'arrivera pas, le travail est moins à la mode que les lunettes de soleil et les piercing (auxquels on s'intéresse quand on n'a plus rien d'autre à faire. D'ailleurs en général on les achète aux chinois).

Joignez vous à la manif : les-bobos-à-paris-rendez-nous-nos-poissonnières ! Ca y est on tombe dans la pipolisation !

Ainsi donc enfin Charles Berling, qui est né à Toulon, va faire quelque chose à Toulon, et nous aurons dans un peu plus d'un an un grand théâtre en plein centre, avec un budget respectable. En soi c'est bien.

Evidemment, c'est encore un peu de mon Toulon qui fuit, qu'est ce que je regrette cette ville populaire, chaleureuse et mal foutue qui n'en finit plus de vouloir être normale ces dernières années. Je ne sais pas, si j'y arrivais aujourd'hui, si je l'aimerais autant que quand j'ai débarqué il y a trente ans.

Et puis face à la réaction de X ("je vais aller manifester sur la Place de la République avec Lulu - elle est prête et elle a fait sa banderolle - rendez nous nos poissonnières) tout un tas de souvenirs me remontent à l'esprit. C'est exactement ce que je ressens.

On adorait, avec Simone Komatis, rigoler en nous souvenant de la réaction du public toulonnais en 1968 face au Grand Magic Circus, qui faisait scandale en montrant ses fesses, acte significatif à l'époque : "ah ben dis donc, c'est des belles fesses, ça". On ne fait pas plus raisonnable comme réaction et comme sagesse face à une agit-prop quelque peu dérisoire (même si je garde un souvenir ébloui du Grand Magic qui n'a pas grand choseà voir avec les fesses !). Les meilleures tragédiennes de Toulon sont nos belles vendeuses du Cours Lafayette, en tout cas ce sont celles que je préfère...

Au lieu de se féliciter d'avoir enfin ce que toutes les grandes villes françaises ont, nous avons eu droit à une vraie polémique people : mais comment ? Christian Tamet n'a même pas été prévenu ? Est ce que ce ne serait pas Carla qui aurait fait nommer un de ses ex ? Passionnant, non... personne n'a commenté les qualités des frères Berling (puisque qu'ils prennent ensemble la direction : étrange, cette façon de confier un théâtre à une famille : c'est déjà un drame antique en soi), personne n'a discuté une quelconque ligne artistique, une programmation, un style... alors à quoi bon ?

Hubert Falco et les frères Berling l'ont tout de suite fait savoir : leur façon d'annoncer tout ça a été un peu cavalière, pas très respectueuse pour Châteauvallon, sans qui aucune diffusion culturelle d'envergure n'aurait existé depuis 40 ans.

Mais personne non plus n'a relevé le débat : n'est il pas normal que dès lors qu'une faille dans le système culturel est enfin comblé, chaque autre institution cherche sa propre originalité ? Car il y en a, maintenant, des institutions culturelles, même si elles sont moins développés qu'ailleurs : un centre d'art, un musée d'art, une maison de la photographie, un centre culturel pour la jeunesse, le Festival du Gaou... Châteauvallon n'est plus seul dans un désert.

Alors quand même, bienvenue aux frères Berling, et intéressons nous à ce qu'ils vont faire au lieu de verser dans les greuh greuh.

mardi 27 avril 2010

Epoustouflante

C'est Malika Ayane. (coupez le son sur le player à côté avant de mettre en écoute).


Malika Ayane - Ricomincio Da Qui - SanRemo 2010
envoyé par Roma-eterna. - Regardez plus de clips, en HD !

lundi 26 avril 2010

Quand je pense qu'il va falloir attendre septembre pour que les français connaissent (peut-être) Malika Ayane

C'est une italomarocaine née à Milan. Elle a - à 25 ans - une incroyable voix chaude, basse, expressive. C'est réellement une musicienne (violoncelliste, choriste à la Scala...). Comparable à rien de ce qui existe déjà si l'on exclut la reconnaissance de la patte de productrice de Caterina Caselli (qui a écrasé Giuni Russo en la rendant commerciale et riche), et décidément a du mal à mettre en valeur les personnalités mais indéniablement sait faire vendre. Espérons qu'elle n'écrasera pas Malika Ayane.

Dans l'ordre, ses succès depuis 2007, dont deux sont avec Pacifico : Sospesa, Feeling Better, Come foglie, Verrà l'estate, Contro vento, Ricomincio da qui, le dernier que j'écoute en boucle partout, dans ma voiture, sur l'ordi... En septembre, je ne serai peut être plus le seul en France.

Impossible de la mettre dans la playlist du blog : Deezer la connait à peine.


dimanche 25 avril 2010

Regardez sur le côté : voici de nouveaux blogs vraiment bien

Et contrairement à ceux qui se retrouvent en fin de liste, ils sont tenus à jour. Il faut récompenser le dynamisme et la persévérance, non ? C'est au milieu, juste en dessous du beau chevalinu de Ninu, Bambinu, "d'autres blogs vraiment bien".

4 neveux, 7 petits-neveux : avec ça, si ma retraite n'est pas assurée, c'est qu'il y a bien un problème d'économie politique


Depuis hier matin, j'ai sept petits-neveux (et nièces) !
Si avec ça ma retraite n'est pas assurée !
Déjà que je n'arrivais pas à me souvenir du prénom de tous !

Alors résumons-nous, par ordre d'arrivée, d'abord les neveux et nièces :
- Delphine (qui a manqué de s'appeler Océane),
- Laetitia (qui aurait pu s'appeler Océane),
- Jérémie,
- Hélène,
puis les petits neveux et nièces :
- Lilian,
- Jocelyn,
- Noémie,
- Anaïs,
- Léonard,
- Gaël,
and now, ladies & gentlemen,
- Sarah.
Le premier qui raconte mon histoire préférée sur le passé au XXème siècle du prénom Sarah est exclu de ce blog sans préavis.
Depuis 19 heures hier soir, je me retiens. Et puis construire l'avenir consiste à paralyser le passé.
Oui, Sarah est un prénom d'origine hébraïque.
Il signifie "Princesse", rien que ça, et est nettement plus international que "Principessa", qui est déjà pris à Balogna par une jolie minette semisauvage. L'homonymie aurait été source de troubles et de jalousies griffues, certainement. Oeuvrons pour la paix !
Cherchons plus loin : Sainte Sarah  est la patronne des gitans.
Résumons nous : origine hébraïque, patronage des gitans... hum... politiquement, il ne manque plus beaucoup de minorités poursuivies soupçonnées de complots dans notre paysage.
Heureusement, très bientôt, Sarah saura dire "mais il a pas fini de raconter des conneries le vieux ?".

Avec cette photo il n'y en n'a qu'un qui manque : Lilian, pas de chance c'est l'aîné, de très loin, les aînés ont toujous eu la vie dure. J'ai bien une photo de lui, où justement, il pousse la luge de son frère, mais où est elle déjà. Et au fait : vous ne trouvez pas qu'il y a un côté "blonde attitude" dans tout ça ?

mardi 30 mars 2010

Ricky Martin, Françoise Giroud : deux points communs et une différence

Une fois de plus cloué au lit par ma colonne vertébrale qui s'exprime plus que moi sur le stress, quand mes paupières ne tombent pas toutes seules sous le Myolastan, Topalgic et autres Biprofénid - aïe l'estomac, je lis la biographie de Françoise Giroud qu'a commis Christine Ockrent (et d'autres choses plus sensibles, heureusement).

J'ai vu Françoise Giroud tous les ans, de 1980 à 1992, la première fois pour un exercice d'interview à Strasbourg, puis, chaque mois de septembre à la Mostra de Venise, elle surgissait un matin sur la terrasse de l'Excelsior où je prenais le café entre deux projections en vacillant devant la grise beauté de l'Adriatique. Daniel ! Que devenez vous ! J'étais stupéfait de sa mémoire, et chaque année elle me donnait un petit secret de métier, et m'encourageait dans tout, y compris les sentiments, avec une rassurante douceur.

Une demi-heure de bonheur supplémentaire par an.

Et je suis stupéfait de la découvrir sous un angle tout à fait sordide que visiblement tout Paris a partagé. Moins stupéfait de voir comment, en tant que femme, elle en a particulièrement bavé pour être l'icône qu'elle n'a pas eu le choix de ne pas être.

Et voilà qu'aujourd'hui, oh surprise, le sublimissime Ricky Martin fait son coming out, "oui je suis un gay heureux" (explosion de fréquentation sur son site pour cette non-information). Pourquoi fait il cela ? Parce qu'il a fait concevoir des jumeaux par une mère porteuse pour être père. Et qu'il vaut mieux leur donner des bases claires pour l'avenir.

Françoise Giroud a eu deux enfants, le premier dans le cruel état de "fille-mère" - quelle violence que cet étrange statut qui a brisé des vies - la seconde dans le désir, mais en s'appuyant sur sa propre mère pour l'élever... Le premier est mort jeune, la seconde est une psychiatre renommée qui a pu construire sa vie à rebours des échecs de sa mère.

Points communs : utiliser sa beauté pour survivre, avoir des enfants en dehors de tout repère.

Différence : l'évolution de la société fait que pas grand chose de grave ne pèse au départ sur les jumeaux de Ricky Martin, du moins par rapport aux pressions sociales qu'ont subi ceux de Françoise Giroud et Françoise elle-même.

Je mesure l'injustice qu'a subi Françoise Giroud tout au long de ses succès, et cette douceur optimiste qu'elle m'a donné douze mois de septembre d'affilée ne fait que m'éclairer la mémoire, et de l'énergie pour lutter chaque jour contre les inhumanités. Elles sont toujours nombreuses.

dimanche 21 mars 2010

En Corse, un moment historique passé inaperçu sur le continent : les nationalistes maîtrisent l'assemblée et l'exécutif...

Ah, elle est rose, la Corse sur la carte de France, mais c'est une lourde erreur, les analystes n'ont pas vu : ils n'ont pas de microscope.

Les nationalistes sont presque à égalité avec la gauche, car les électeurs ont certes sanctionné la droite et l'engagement personnel de Sarkozy dans le pays de ses fils, mais il ont surtout sanctionné la partie de la gauche qui est profrançaise. Zuccarelli et la tradition socialdémocrate bastiaise ont été pour quelque chose dans cette non victoire, Renucci n'est pas assez important pour faire contrepoids.

On verra jeudi si les nationalistes obtiennent la présidence de l'assemblée, il me semble qu'ils peuvent obtenir l'exécutif (une sorte de gouvernement qui n'existe pas dans les régions continentales).

Sinon, ils peuvent quand ils le veulent mettre la gauche en minorité. Autant dire qu'ils sont plus forts que le gagnants.

Ca va être très intéressant, une vie cahotique arbitrée par les nationalistes. Il est vrai que depuis des années, la seule chose que les gens regrettent chez les natios, c'est la violence. Tout le reste fait consensus.

Dommage qu'on n'ait pas gagné une situation claire. Un peu moins de 2 %, et l'on avait une assemblée nationaliste, partie prenante de la république française... et élue pour la quitter.

A moins que ce ne soit déjà fait dans la vie quotidienne de l'île.

La seule chose sûre, c'est que la droite a perdu. A force de suffisance, et de rêves de profits touristiques dont personne n'a jamais voulu. Et ça, on le savait au moins depuis 1975.

Comment les médias français peuvent ils à ce point se tromper et ne pas informer ?

samedi 20 mars 2010

Du fond des âges

Et voilà une photo, surgie comme ça, un repas de fin de festival à Châteauvallon (mais moi je ne travaillais pas sur les spectacles, je suis un secondaire, je travaillais sur les images), entre 82 et 92, je ne sais plus.

J'avais entre dix et vingts ans de moins.

Il y a Simone Komatis, irradiante et centrale bien entendu, Elian Bachini, à côté d'elle évidemment, et je ne reconnais pas Christiane Espitalier.

Et moi, je suis où ?

mercredi 17 mars 2010

Laisser la gauche gagner des régions sans moyens, puis la laisser s'étouffer ? Pas con !

Et c'est reparti comme en 2004 !
Les commentateurs politiques sont aveuglés par une courte vue, seul leur regard sur la prochaine semaine est rabaché dans l'ensemble du bain moussant médiatique. Ca cache le reste ! Et surtout la suite...
C'est très intelligent de laisser la gauche gagner les régions : les régions n'ont pas de moyens (le budget de celle de Provence Côte d'Azur est inférieur à celui d'un département...).
Dans un an, il sera donc facile de dire qu'elles n'ont rien fait, les laisser s'user en occupant tranquillement leur terrain. Alors, ça laisse du temps pour reprendre tout le terrain, et il y a deux ans de tranquillité pour ça !

Autre fait passé totalement inaperçu : en Corse, le pays des fils du Président qui se sentent corses - et vicolais - avant tout, où il s'est investi avec coeur et totalement, il se passe quelque chose dont personne ne parle.

Le Président Nicolas Sarkozy, couvé par les sages corses de la région parisienne, dont la première femme et mère de ses garçons est la fille des anciens pharmaciens de Vico, a été désavoué cruellement (21 %, la gauche en tête comme jamais, les nationalistes à 30 % : c'est historique) dans le seul coin de France où la participation a été de l'ordre de 67 %. Evidemment ! En Corse, ce n'est pas un conseil régional qui est en jeu, mais une assemblée territoriale qui a les moyens et parle de sa "souveraineté".

Et pourtant ! Il n'a pas ménagé les moyens ni le coeur pour s'engager dans son très personnel "Projet pour la Corse". Pour la première fois, sont en passe d'être réglés les deux problèmes les plus graves : l'approvisionnement en électricité, l'approvisionnement en gaz (par un incroyable tuyau qui viendra d'Algérie jusqu'à l'île après avoir gagné la Sardaigne, puis l'Italie). Et bien d'autres choses ont été réalisées, dont le fait unique qu'est la création d'une chaîne de télé territoriale indépendante, F3 Via Stella (aussi sur satellite : je suis content, j'entends parler corse tous les soirs, j'ai le journal d'Ajaccio tous les jours).

Après tout ça, c'est quand même terrible que les Corses se soient jetés sur la gauche et risquent dans l'élan de mettre les nationalistes en voie de devenir un jour majoritaires (ils n'avaient jamais dépassé 16 % avant). Ces derniers jours, quand on a les cousins au téléphone, on a l'impression qu'ils sont en pleine révolution de velours. Du jamais vu.

Et, surtout, on a l'impression que les Corses s'essuient les pieds avec mépris sur les amis du Président, que ce soient de Rocca Serra ou Santini, et surtout Christian Clavier, dont la villa, en tant que symbole, a effacé tout le reste de la réalité. Nicolas Hulot a lui aussi une opulente villa dans l'extrême sud : personne n'en n'a jamais parlé !

Mais quelque chose d'autre a plus compté que ces efforts eux aussi historiques : je vais prendre le temps d'écrire mon hypothèse là dessus.

La situation est inédite sous la République. Au fait, c'est bien la Corse qui a elle toute seule avait provoqué la déchéance de la riche Républiuqe de Gênes, je crois...

dimanche 7 mars 2010

Mujica, ex-révolutionnaire devenu président de l'Uruguay...

D'accord, l'Uruguay, ex-suisse de l'amérique latine, n'est guère plus grand que PACA, mais mes lecteurs attentionnés se souviendront que j'ai une affection particulière pour ce petit pays latin qui sent bon l'Europe d'autrefois.

Et ça vaut la peine de se pencher sur le sens historique de l'élection d'un ancien tupamaro à sa tête, vendue comme l'émergence d'un nouveau "MiniLula".

Les pays latins d'Europe sont en panne de connaissance d'eux même à travers l'évolution de leur amérique, qu'ils ont oublié - Buenos Aires et Montevideo sont pourtant aujourd'hui encore plus proches de Marseille, Barcelone et Turin que de Londres, Berlin ou même Paris.

Cela permettrait pourtant de relire avec profit, en miroir, les années de plomb qu'on connu l'Italie, l'Allemagne et à un moindre degré la France, avec Action Directe, la Bande à Baader, les Brigades Rouges, utopies flamboyantes et sinistre souvenir : en Europe, ils n'ont su que tuer et n'ont jamais appris à réaliser leurs utopies. Or les Tupamaros, peu le savent, ont été le modèle de ces mouvements qui ont fini lamentablement en Europe, provoquant par là des raidissements libéraux devant l'échec gratuitement sanglant d'utopies égalitaristes et généreuses. Et les naufrages sociaux décadents d'aujourd'hui.

La violence des Tupamaros, très limitée face à la violence de l'armée manipulée par les Etats Unis et sans rapport avec leur projet (il s'agissait de répondre aux meurtres organisés par les militaires), a fini par se transformer en participation à un débat démocratique ouvert, et porter au pouvoir les premières coalitions de gauche en Uruguay.

Et figurez vous qu'économiquement (comme ici, maintenant, d'ailleurs), la gauche uruguayenne réussit beaucoup mieux que la droite libérale.

Bref l'Uruguay a aujourd'hui à sa tête un ancien utopiste prudent, qui lorsqu'il était ministre a démocratisé l'agriculture, élargi la protection sociale, développé l'éducation. A son investiture, lundi dernier, Hillary Clinton, tous les présidents de gauche d'Amérique du Sud dont Lula, et pour représenter la France, une troupe de sénateurs (comme pour rappeler qu'il faut être sage et aller à un train de sénateur !), même pas Carla, qui pourtant était toute désignée pour faire un coup médiatique. Sarko n'est plus ce qu'il était.

Il semble que le seul truc dangeureux avec Mujica, c'est qu'il a mis des costumes pour la première fois pour sa campagne, et pas de cravate pour son investiture. Lang avait fait scandale il y a vingt ans en apparaissant pour la première fois sans cravate à l'assemblée nationale. Mais bon, aujourd'hui même Obama fait le président sans cravate régulièrement...

"Coeurs croisés" : Decouflé débloque

Voilà, on a vu le dernier spectacle de Decouflé.

C'est une heure de vaudeville consacré à la ridiculisation du strip tease.

En fait je suis assez choqué, pas par la nudité (j'ai été elévé tout nu et je suis incapable de me baigner avec un maillot, et comme tout fils de naturiste je n'associe pas - tout de suite - la nudité à la sexualité), mais par le sens du spectacle, qui me semble vide et malhonnête.
Que l'on ridiculise les représentations commerciales de la sexualité et des "aguicheries", passe encore. D'ailleurs, choisir parmi un noir parce qu'il est une belle bête est suspect.

Que l'on termine par l'exposition modeste et magnifique des corps dans leur état de nature est tout à fait beau. C'est 10 secondes dans le spectacle.
Mais que l'on se moque amèrement du goût populaire dans ses représentations du corps et de la sexualité (notamment en ridiculisant les concours de danse acrobatique, dont le ridicule réel est touchant, les petits chiens avec qui les laids et laides vieillissants compensent leur vide), là ça commence à sentir mauvais.
Je suis Decouflé depuis qu'il a vingt ans. C'est Chateauvallon qui l'a découvert : son père est un ami de Gérard Paquet qui est venu demander conseil lorsqu'il a annoncé qu'il voulait danser, ce qui a été vécu comme une catastrophe pour la famille.

C'est ma génération : la recherche d'une synthèse entre le populaire, le commercial, la qualité de réflexion et le subventionné didactique. C'est terminé, maintenant il faut flinguer la décadence de la banque, de la bourse et du commerce, ça réclame d'autres attitudes esthétiques que celle-ci, qui n'est qu'un aveu de collaboration impuissante.
Il a été très fort là dedans, en étant notamment le représentant de la ligne claire (Hergé, Franquin... !!!), et d'une forme de recyclage positif des dégats de la modernité en fin de parcours.
Decouflé est actuellement directeur artistique du Carzy Horse, où notamment il a habillé les strip tease avec le défilement des cours de la bourse en temps réel, ce qui est assez fort en tant que dénonciation de la marchandisation du corps.
Mais il s'est fait rattraper : qu'il se lâche contre ces représentations tarifées jusque dans ses spectacles personnels, ça aurait pu être drôle si il n'y suintait pas un cynisme, et rien d'autre. Il regrette de toucher ses cachets du Crazy Horse ? Il ne fallait pas les prendre, alors !


A part ça, comme d'habitude, c'était très bien fait, mais j'ai eu du mal à rire.
Le jeu avec les plaçeuses des salles de revue, là encore une ridiculisation de comment on place les spectateurs en essayant de leur vendre du champagne (avec autre chose en dessous d'un certain niveau) était, curieusement, exactement ce que faisait le Grand Magic Circus ! Mais Judith Malina utilisait la nudité dans une optique de libération ! Qui a bien marché d'ailleurs. On n'est plus dans le même contexte : il faut aider les gens qui ne s'y retrouvent pas dans la liberté sexuelle qui ne provoque chez eux qu'errance et déshumanisation.

samedi 27 février 2010

J'ai un GPS (un truc inutile de plus)

Donc j'ai fini comme tout le monde par acheter un GPS. Un truc inutile de plus, et qui parle en plus, pour moi qui ne vais que là où on m'a déjà amené.
La seule chose qui m'épate, c'est quand il me dit : "mettez moi en vue du ciel". C'est quand il ne prend pas le signal du satellite américain.
Pire que Santa Lucia, sinon Santa Rita.

Février, le Liamone, fleuve et torrent


Vertigineux, comme tout en Corse : une autre balade que je rêvais de faire depuis longtemps, et ça y est je l'ai faite, je suis une chèvre comme les autres, c'est une fois de plus, de plus en plus sûr.
Je ne comprends pas que le canyon du Liamone, à deux pas de Balogna, très tournants et très accrochés aux rochers,ne soit pas plus connu. Certes, il n'y a pas de place pour se garer pour plus de dix voitures sur dix kilomètres.
Mais il y a là un incroyable chemin muletier ancien de jardin japonais : au bout d'un virage, en direction de Muna, entre deux rochers, il commence, 400 mètres de dénivelé en lacets minuscules parfaitement empierrés (un travail des derniers vrais romains que nous sommes). Et on arrive le long du fleuve-torrent le plus incroyable (le Verdon n'a qu'à bien se tenir), vert vert vert, ample et puissant. Ici, la ruine d'un moulin à blé (mais oui, à blé, il y a un peu plus loin quelques beaux champs plats aujourd'hui livrés aux chevaux), là une boucle parfaite...


Lulu n'aime pas trop le bateau















Lulu prend le bateau avec moi tous les deux mois. C'est le prix à payer pour redevenir (de plus en plus lentement) un chat de la campagne, qui court après les chauves souris, s'approche discrètement des ânes pour leur renifler le sabot arrière, commence à ne plus affronter les vaches directement et monte toujours en trois secondes tout en haut des tilleuls.

Elle est tout à fait adaptée aux cabines de nuit de la Corsica Ferries, mais franchement tous ces bruits c'est pénible.
A en secouer la tête toutes les dix minutes, par réprobation. Tout à fait incroyable : j'ai réussi involontairement à faire une photo de Lulu qui secoue la tête. J'avais à peu près autant de chances de saisir le moment qu'un caméléon attrapant une mouche. C'est très expressif : on sent bien que Lulu n'aime pas vraiment le bateau.

vendredi 19 février 2010

Tony Maiello

Comment résister, en plus il chante comme jamais personne n'a pu entendre !! De toutes façons, la vague devrait arriver en France, bientôt, logiquement.

jeudi 18 février 2010

Kiss in multigénérationnel sur la place de la Liberté : je suis fier !


Ils l'ont fait ! Les petits jeunes sont formidables : un kiss in pour la reconnaissance de la diversité des sentiments et des orientations sexuelles sur la Place de la Liberté pour la Saint Valentin, à Toulon, alors que nous sommes la plus grande ville sans Gay Pride (évidemment, à 30' il y a celle de Marseille, que je ne manquerais pour rien au monde).

Mais je suis particulièrement fier, parce que j'en ai tranquillement depuis le radiateur près de mon ordinateur, changé le cours sans le vouloir.

Bref, j'ai envoyé à une sélection de mon carnet d'adresses la bonne nouvelle de ce kiss-in courageux publicisé même par Var Matin.  Et j'ai bien choisi : quelques amis qui ont déjà vécu trois fois la vie des organisateurs s'y sont rendus en vrai (pendant que je mourais aux antibiotiques mais bien au chaud) avec l'idée de participer avec fermeté.

Bref, dimanche, à 14 heures, alors que je mollis à la maison en regardant le ciel, salves de coups de fil : "mais pourquoi tu n'es pas là, il n'y a personne et c'est tout sauf une manif ça manque de leader et d'organisation", puis salves de mails : "mais quels tours tu nous joues, c'était pas une manif, on était gênés devant dix ados boutonneux... ils nous ont pris pour une contremanif hétéro conservatrice... on a manqué de se faire casser la gueule " ... renseignements pris, au contraire, il ont parlé avec les boutonneux organisateurs, échangé sur comment on revendique, comment on manifeste... j'imagine les boutonneux bouche bée se demandant ce qui se passait et avoir une trouille noire. Ceci dit, ils ont invité certains d'entre eux à aller boire un verre au Tex, ce qui ne me viendrait plus à l'idée du tout du tout.

Et moi je me dis que j'en ai appris des tonnes, qu'il y a un doux vent qui souffle, que les petits jeunes courageux ont eu l'occasion de voir qu'au delà du ghetto il y avait des gens prêt à être à leurs côtés.

Et puis aussi que le temps de la revendication politique a bien changé : on se montre pour gagner liberté et compréhension avant de gagner des droits, qu'on n'aime plus trop les leaders, et que manifester, c'est se déplacer cinq minutes pour créer une image et la montrer (en l'occurence, Var Matin, édition de Toulon : 120 000 lecteurs.). Et rentrer chez soi.

C'est certainement tout aussi efficace que la revendication avec leader, idéologie et organisation. Et c'est un nouveau monde, je l'aime bien, surtout quand il se mélange grâce à moi et mes petits doigts sur mon ordi !

mercredi 17 février 2010

Traverser l'Elbe pour aller travailler, en février

Mon ami T. va beaucoup mieux depuis qu'il a quitté Toulon. Lorsqu'il travaille à Hambourg, en ce moment, il traverse l'Elbe pour aller faire des avions. J'ai beau connaître le coin, cette photo qu'il m'envoie me semble purement exotique.

Un OVNI délicieux, un disque, un livre, "Une vie Yves St L(Oran)", Alain Chamfort, beau, vieux, pop, acidulé et mélodique

Je l'avais commandé pour l'avoir tout de suite, merci la modernité de Charlemagne, à l'instant où il est arrivé, un SMS et crac je cours et me voilà avec entre les mains un beau livre d'Albin Michel, qui est aussi le nouveau disque d'Alain Chamfort. Un OVNI totalement délicieux, il va se métamorphoser en expo, en ballet l'année prochaine, ne manque plus qu'un film à la Jacques Demy. C'est une sorte de bio d'Yves Saint Laurent.
J'ai toujours tout aimé d'Alain Chamfort, ses tonnes d'acidulé sur des mélodies aériennes vaguement géniales, même "l'Amour en France", j'attends toujours d'être seul pour le chanter à fond sur dégoulinements d'accordéon électrisés. Le pire est qu'il arrive à être élégant et populaire sans effort.
Au passage, dans le joli livre album, j'apprends qu'Yves Saint Laurent était oranais - il faudra un jour imaginer Oran dans les années cinquante, avec des enfants qui s'appellent Etienne Daho ou Yves Saint Laurent, et se demander pourquoi là, exactement là sont nés ces personnages d'une finesse joueuse et mélancolique.
Le disque de Chamfort est parfait, il est aussi épuisé et vibrionnant qu'à vingt-cinq ans, il tourne tourne sans arrêt dans mon salon, c'est comme un rideau de velours qui n'arrête pas de se dérouler en drapé dans l'air avec un petit côté farceur désabusé.
Un OVNI. Plus personne dans l'industrie ne convient à Chamfort pour produrie ses disques : il suffit de sortir de l'industrie du disque, qui n'a rien compris au temps présent.
Un soupir sucré spécial pour la très belle petite mélodie consacrée au Jardin Majorelle.
Ah la la, le sens du terme vieux beau est plus clair que jamais.

samedi 13 février 2010

Eric Zemmour aux portes de l'immonde : "l'homosexualité était bien portée sous l'occupation"

Eric Zemmour, je lui ai toujours préféré Elie Kakou, dont les analyses sociologiques étaient quand même plus profondes, rationnelles, affectueuses et universalistes.

Je suis soufflé par la façon dont il a critiqué le livre de Jean Marie Périer sur les ados homosexuels virés par leurs familles, "Casse toi".

Courageux, Jean Marie Périer. Faire un livre sur l'histoire de quelques jeunes mis à la rue par leurs parents à la suite de leur coming out, pour soutenir la démarche de la toujours seule association qui s'occupe d'eux, à Montpellier ? Ca a tout de suite déclenché ce à quoi visiblement il s'attendait : on le soupçonne de toutes sortes de sentiments glauques, mais pourquoi fait il ça etc etc... rien sur le sujet du livre ni la façon dont il est réalisé, juste un pogrom/passage à tabac sur sa personne.

Le pire, dans un débat nocturne de télé, a été tout de suite atteint : Eric Zemmour - mais qu'est ce que ça a à voir avec le sujet, a dit "l'homosexualité était bien portée sous l'occupation". Argument : le MInistre de l'Education de Pétain était surnommé Gestapette. Sait il qu'il ne s'agit là que d'un horrible péhnomène que l'on a aussi retrouvé dans l'Afrique du Sud de l'apartheid : le besoin des opprimés d'imiter leur oppresseur ?

Argument contre Jean Marie Périer, qui a rappelé que son point de vue était celui du père de famille épouvanté : " moi (Zemmour) j'ai lu des livres d'histoire, je peux vous les passer".

Oui, mais lesquels ? Sait il que dans les camps de la mort étaient tués ensemble juifs, communistes, tziganes et homosexuels ?

A-t-il entendu parler de la nuit des longs couteaux ?

Monsieur Zemmour, pourquoi personne n'a pu vous répondre que sous l'occupation, l'homosexualité était tellement bien portée qu'elle était déportée ?

Barbarie vychiste, tu n'es jamais très loin.

lundi 8 février 2010

Le soir tombe au Caire


Mon ami A. est allé chercher un peu de vivacité économique au Caire. En rentrant à son hôtel, il m'envoie la photo de la nuit tombée.

samedi 6 février 2010

Retraite, souvenirs d'enfance et post-colonialisme


Avec nos âges, et surtout quand on a des copains qui ont dix ans de plus comme moi, apparaissent de plus en plus les attachements identitaires en voyant les projets de ceux qui prennent leur retraite.

Moi qui passe mon temps dans le village de mon grand-père maternel à y prendre tous les cellules regénérées que je peux, j'ai d'ores et déjà passé beaucoup plus de temps que lui chez lui (qui avait largement préféré Saïgon, et son fils mon oncle avait préféré Casablanca !), je vis dans un tout petit triangle identitaire Paris Toulon Rome, en comparaison.

Ce qui m'émeut quasiment civilisationnellement est le nombre de pieds noirs toulonnais (de haut niveau ai je envie de dire, ils sont intellos et ouverts) qui achètent un pied à terre au Maroc et en Tunisie et en reviennent avec la forte envie d'y retourner jusqu'à la fin de leurs jours, prenant plaisir à y donner un coup de main à la jeunesse du coin, nettement plus enthousiasmée que celle qu'on comprime ici.

Trois, rien que cette semaine, qui vont et viennent de Toulon à l'endroit où ils avaient passé leur adolescence, s'en étaient crus évincés et le retrouvent avec une tranquillité, joie et ouverture inattendues. Le post-colonialisme sera peut-être bien : pas de rancoeur, beaucoup de respect, beaucoup de plaisir - je n'y croyais plus, et le temps que cet apaisement revienne en France j'espère que je serais toujours là pour profiter d'une bonne ambiance qu'on n'a plus vue depuis longtemps.

Les lieux d'enfance ! Pour rester dans un ton isulanien, explications : tout ça est monté à ma conscience en lisant un kitschissime ouvrage sur le retour des cendres de Napoléon, manipulation politique planétaire hilarante s'il en fut.

Ce voyage à haut risque a été l'objet d'un téléscopage politicoidentitaire de premier ordre.

Qui y avait il sur le bateau qui est allé à Sainte Hélène pour cette macabre occasion très manipulée par l'Angleterre ?

Le fils du Roi de France, bien sûr, qui s'est occupé de cette tâche avec finesse en laissant à peine transparaître son mépris, quelques vieux proches du héros, dont le fils Bertrand (les connaisseurs apprécieront).

Arrivée à Sainte Hélène, lieu beaucoup plus stratégique à l'époque (puisque le canal de Suez n'était pas ouvert : les plus importantes routes maritimes passaient là).

Tout le monde joue son rôle dans la comédie historique, têtes d'enterrement, gravité, jeux irnoiques avec le gouverneur anglais, sauf... le fils Bertrand.

Il saute de joie à l'apparition de l'île : surprise générale, l'endroit était et est encore plus devenu terrible et sordide.

Incompréhension générale. Dès l'abordage, il court partout et tombe dans les bras de tout le monde, et, à la deuxième surprise générale, d'une famille chinoise qui tombe en larmes, le prend dans ses bras, l'emmène partout. Un hystérique joyeux au milieu des pantins noirs.

Pourquoi ? Pauvre garçon, il a la rarissime particulité d'être né à Sainte Hélène ! Et les chinois en question ont contribué à l'élever dans ces particulières conditions !

Pour lui, le retour à Sainte Hélène, c'était le retour aux ... plaisirs de l'enfance ! Ca a failli faire capoter l'opération ! Et personne ne s'était mis à sa place.

Dernière anecdote qui montre que nos temps sont toujorus moins troublés : au retour, quelques tensions militaires France/Angleterre ont laissé croire aux participants que le bateau pouvait être attaqué... imaginez : le cadavre du dictateur coulé, ça aurait fait des pages dans les livres d'histoire !

En plus, histoire d'insulaires, sur ce lieu perdu, la France entretient le domaine de Longwood, ressource inespérée pour les habitants (desserte : deux bateaux par an, pas d'aéroport, cinq à six passage de croisière qui durent... six heures). Le type qui y est tient depuis... vingt ans, et n'hésite pas, sur son superbe blog que je conseille fortement : http://domainesdefranceasaintehelene.blogspot.com, à dire des choses graciles comme : "tous les rideaux ont été confectionnés par mon ami, J.J. à partir des dessins de 1815". Grâce à lui et un incroyable intelligence esthéticohistorique, Longwood est beaucoup plus coquet qu'il n'a dû l'être, je ne résiste pas au plaisir de vous en montrer la photo du mois dernier. On note qu'il photographie autant le jardin que la demeure symbolique, et que le drapeau européen surpasse le français ! En plus, il a le bon goût de prendre la défense des habitants et de leurs concours de cricket au milieu de nulle part, dans des rochers boueux ventés avec brouillard la majeure partie du temps. Un destin !

Enfin une innovation technologique chic et qui marche


Comme dit ma soeur, c'est quand même pénible toutes ces nouvelles technologies qui marchent moins bien que les anciennes. On s'en aperçoit tous les jours avec les téléphones et les voitures notamment.

Cette invention révolutionnaire va tout changer : enfin un ail phone qui a du style et qui ne tombe pas en panne et qui n'a pas besoin de techno flash pour éviter d'afficher les images dont on a besoin !

En plus, il évite que le diable vous téléphone !

3 et 5 ans de prison pour des passeurs : étrange histoire



Voilà leur visage, n'y a-t-il pas quelque chose d'incohérent avec la prison et les trafics ? Ceci, dit, on ne se le rappelle jamais, mais en France commenter une décision de justice est interdit, alors même pour une décision anglaise, appliquons la règle !

Donc commentons juste les faits. Mais comment une conseillère municipale française s'est elle retrouvée à aider son fils chômeur à aider des viet namiens à passer en Angleterre ? Opération bien préparée, et payée 24 000 euros ? Fatale disgrâce, c'est bien ce chiffre qui enlève toute générosité au sens du geste. Comme dirait Besson, protégeons les immigrants des passeurs criminels.

Mais quand même : qu'est ce que c'est que ce monde où aller dans un pays où les pauvres s'appauvrissent, payés à la semaine, avec un système de santé qui certes va mieux mais provoque encore de nombreux passages en France pour pouvoir faire des opérations bénignes... est payé cher par des pauvres ?

jeudi 28 janvier 2010

Postes post-modernes privées

Pour acheter la biographie de Giuni Russo que vient de publier Maria Antonietta Sisini, le plus pratique, c'est la FNAC italienne par internet.

Clic clic, à 19 heures, j'ai commandé. C'est UPS (le mastodonte américain) qui est à l'oeuvre.

Intérêts privés, procédures et automatisation : à 21 heures mon cofanetto ultradésiré est à l'aéroport de Milan. A 1 heure il est à Lyon, et à 7 heures, je peux le voir en temps réel, il est dans un hangar à la Farlède, à six kilomètres de moi. Formidable, non ?

Sauf qu'après avoir fait toute la distance en une nuit, pour venir de la Farlède à moi, il a fallu six jours : alloooo, vous n'êtes pas chez vous ? Non, non, laissez le colis à Madame Oliva au premier, Heeeeuuuu je n'ai pas de temps aujourd'hui (cris d'enfants dans le fond), alllloooo c'est où chez vous !!!!!!! je vous l'ai déjà dit et c'est sur votre ficheuuuuu, à demain ..... je peux le livrer là où vous travaillez ? Oui, oui, ........ C'est que vous comprenez il faut que je le remette en main propre. Ah bon ?

Je sors d'une réunion, et mon Anne Sophie me dit il y a un colis sur votre bureau, il y a un Monsieur qui a voulu que je signe.

Je reçois un mail "nous avons remis votre colis à ANN SOHIE".

Bon, je suis quand même content, je passe mon temps à me chauffer à ce timbre de voix qui es allé si vite de Milan à la Farlède et si lentement de la Farlède à chez moi.

Insularité, amour des voix, cultures populaires anciennes et sophistiquées, Giuni Russo


Donc, le temps que je tombe raide amoureux des chansons de Giuni Russo un soir de 2004 en faisant ma grande cérémonie annuelle du concours de chanson de San Remo retransmis sur la Rai cinq soirées de suite (une chanson, un verre de rouge et une tranche de saucisson, e anda pe tutta la serata, il m'est arrivé d'annuler tout pour ne pas rater la finale), et crac elle est morte d'une horrible tumeur.

Au fur et à mesure j'ai découvert que c'était une insulaire sicilienne amoureuse d'une sarde du nord (qui parlent la même langue qu'en Corse et ont des tas de cousins en Corse), qu'elle faisait tout au second degré dans le drame tout en restant absolument légère et un peu infantile, plein de choses absolument parallèles aux imaginaires qui m'ont été donnés et que je laisse me poursuivre. C'est fatiguant cette absence totale de hasard dans la vie.

Jusqu'au père qui l'éblouit tous les étés en l'emmenant dans une île où il n'y a plus que le rythme de l'eau, du vent et les sentiments premiers, forcément sublime.

Un sens de la référence à l'histoire et un jeu permanent avec l'écume du monde du moment.

Et puis, et puis, l'homophobie, chose étrange. A 16 ans elle gagne le concours de Castrocaro, un monument des jeunes chanteurs italiens des années 70. On lui donne une marraine, Caterina Caselli (un monument également), et elle ne s'explique pas pourquoi la Caselli a curieuse froideur avec elle. Plus tard, la Caselli, qui s'est mariée avec le propriétaire de la principale maison de disques italienne, qui règne sur la distribution, essaie de l'exploiter et de l'éloigner en même temps (avec un contrat qui se termine par "je ne veux aucun rapport d'aucun type avec vous"), et puis de la casser en mille morceaux.

Avec les subsides de ses trois tubes à un million d'exemplaires, Giuni a quand même pu construire (quelle chance) une maison au village, en Gallura juste en dessous de Porto Vecchio, avec annexe pour la mère de son amie Maria Antonietta. Et depuis, la Maria Antonietta en question se démène comme une diablesse pour organiser un colloque ici, une réédition là, la construction d'une mémoire, un livre avec film et son inédit... que j'ai enfin pu recevoir.

Enfin bref, au village on est qui on est tranquillement dans cette partie du monde, elle aura eu au moins ça pour rattraper les rejets primaires de la Caselli.

lundi 4 janvier 2010

Le péril WASP

Blanc, anglosaxon, protestant (White, AngloSaxon, Protestant).

Comme les Beatles, comme les soldats américains qui sont venus mourir sur des plages normandes pour nous sauver des saxons déboussolés (saxons, pas anglos mais enfin bon quand même).

Mais aussi comme ces cohortes de commerçants insensibles au froid, rompus au refoulement de l'émotion, hollandais (pardon mon hollandais chez qui je me suis tellement ennuyé qu'au bout de quinze jours j'ai renoué sans problème avec le monde latin), scandinaves, allemands, anglais.

Qui aujourd'hui règnent sur l'argent à moins que ce soit l'argent qui règne sur eux, déifient la notion de valeur, qui tuent les sentiments, avec des crises cycliques destructives (ça doit être leur forme d'hystérie à eux, ce n'est ni joyeux ni vivant) dont on ne voit pas bien les cycles, et l'imposent au monde entier, en imaginant parfois que la démocratie va avec. Et ces derniers temps, ils ne savent plus conjuguer leur gestion de l'argent et leur vision de la démocratie.

A ma grande surprise, j'ai bien aimé mes cinq jours new yorkais de fin d'année. Tant de richesses sur une si petite île, Manhattan. Ca me fait réfléchir, miroiter entre eux clichés, représentations, bouts d'histoire, épopées et idées, souvenirs flous et crédos précis.

Mais je me pose des questions, et je reviens aux mêmes réponses identitaires, j'ai même l'impression que ces cinquante dernières années ne m'ont servi qu'à les confirmer.

Je tape ces mots sur des serveurs américains. Tant pis, il est vrai que ce sont les meilleurs serveurs qui soient à ma disposition.

Mais combien de temps faudra-t-il pour que le sens du plaisir, le sens des sentiments, le sens de l'honneur des latins arrive à se conjuguer heureusement avec le sens de la survie, le sens de la négation et le sens de la dignité des WASP ?

Il était clair dès les années 80 que le FMI des néoconservateurs américains était un néocolonialisme caché sous des dehors exclusivement financiers.

Aujourd'hui l'Argentine, saignée à blanc au début des années 2000 par un FMI néoconservateur financièrement colonial, comme l'a été le Chili pour qu'à coups d'épurations sanglantes dans des stades pogroms il devienne un bon élève de leur orthodoxie matérialiste, casse l'agriculture extensive qui donnait des viandes parfaites, accepte tout de Monsanto pour rendre stérile une terre latine par une culture du soja transgénique ultrarentable et sans avenir, et, plus grave, sans beauté de la terre.

On a quand même bien du mal à s'entendre en dehors de l'Europe, et très longtemps on ne s'est pas entendu en Europe, c'était même sanglant souvent. Aujourd'hui les Etats Uniens respectent les français, les espagnols, les italiens... mais pas lorsqu'ils sont américains du sud.

Comme les Barbares ont rompu et dépassé la romanité que j'aime cultiver au fond de moi-même, les WASP, en le regrettant amèrement, continuent à semer une sorte de barbarie qui n'est plus du tout constructive aujourd'hui.

En détournant vingt siècles durant, certainement sans malice, le sens certainement excessif de la famille, de l'incandescence de l'image du père et de la mère que les pays latins conservent (et les français ne sont pas en reste : en politique, il a fallu Napoléon, Pétain, De Gaulle et tant d'image de sauveurs, même si Ségolène a été tout à fait à côté de la plaque dans le rôle de la Madone).

Les dictatures, le goût de la luxure ont été développés par les agences des WASP des Etats Unis pour mettre par terre l'Amérique Latine en l'exploitant. Dont pourtant le climat, dont pourtant l'humanité sont pourtant bien plus vivantes que ce que l'on trouve en Amérique du Nord. Il ne pouvait y avoir de toutes façons que des Anglais, des Allemands, des Scandinaves et des hollandais pour supporter le climat de New York et y faire cette sublime mégalopole où seuls le printemps et l'automne sont vivables (moins vingt et vent coupant l'hiver, quarante humides en été).

Quel dommage de n'avoir pas fait tout ça sous le ciel du sud du Brésil ou de l'Uruguay, ça aurait changé le monde.

Mais c'est trop tard, peut être, enfin peut-être pas, New York sent la fin d'Empire à la vénitienne ces derniers temps.

Et il vient un vent doux égalitaire, aujourd'hui, du Chili (même avec une nouvelle droite, qui semble avoir compris qu'il y a dans la socialdémocratie quelque chose, d'Uruguay, du Brésil, et même du Paraguay qui semblait irrécupérable.

On verra vite ce qu'en fait le péril WASP, peut-être arrivera-t-il à amadouer ses démons, et le fait que les émirats les aient copiés ces derniers temps, avec les mêmes vanités, et les mêmes échecs peut-être passagers, en serait un signe.

J'ai bien retenu de cinq jours de plaisirs à New York, que Montevidéo est un petit New York qui ne s'est pas trop fatigué. Tant mieux.

Et que la différence, c'est qu'à New York, on vient tout juste d'expérimenter la solidarité en matière de santé, que les Universités sont toujours réservées aux jeunes dont les parents et les grands-parents ont réussi à accumuler quelques moyens, et qu'à Montevideo, il y a eu la première vraie Sécurité Sociale du Monde, récemment étendue à tous, et que l'Université y est gratuite pour tout le monde.

Ca m'a toujours semblé être le seul investissement qui rapporte vraiment. Partager la santé de l'autre, partager la pensée avec l'autre. Lentement. Exactement comme le mouvement slow, comme slow food, slow money, etc, qui se développe lentement, mais donc sûrement.

Et vous savez quoi ? Ce sont des New Yorkais qui l'ont inventé, et ce sont des toscans, les plus italiens des italiens, qui le répandent dans le monde.

Comme quoi, tout n'est pas perdu, hein ?

Rappelons nous quand même une chose : aujourd'hui, l'espérance de vie la plus longue, en Europe, c'est en Italie, en France et en Espagne qu'on la trouve. Je souhaite aux anciens barbares avec qui nous vivons en paixs maintenant de vivre aussi longtemps en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, dans les pays scandinaves. On sera encore plus contents d'aller y faire du tourisme !

dimanche 3 janvier 2010

Promenade, fin de journée d'hiver, Brooklyn, une grande île en face de celle de Manhattan


L'agglomération de New York se répand sur trois états, et est estimée à 21 millions de personnes (celle de Paris, 17 millions ou 11 selon les comptes : nous sommes bloqués par nos zones historiques identitaires, qui nous empêchent de compter la répartition naturelle et les circulations réelles de la population; celle de Buenos Aires, de 11 millions à 17 millions selon les comptes). Manhattan fait moins de 2 millions, comme Paris coeur historique, comme Buenos Aires capital federal (ce n'est pas une faute d'orthographe, c'est en espagnol).

Il faut bien reconnaître à New York une capacité : laisser des vies de quartier traqnuilles se développer au coeur des énergies de l'agglomération.

Brooklyn et le Queens, ces dernières années, sont devenus à la fois urbains, vivants, et tout à fait provinciaux. Il n'y a pas que Manhattan.

Trois stations de métros, et hop, des rues comme dans un petite ville anglaise : calme et cafés tranquilles, les gens marchent lentement, d'une église sortent des roux rougeauds endimanchés qui rejoignent leur 4x4 avec leurs femmes et leurs mères laquées, il y a en bas de la rue une tranquille promenade qui offre une vue incroyable sur Manhattan, en face, à dix minutes. Un seul indice trouble cette tranquillité : le vrombissement des hélicoptères comme des mouches qui promènent les touristes sur le sud de Manhattan, qu'on entend d'ici.

C'est pas un peu trop, là ?

Nouvelle année, nouveau monde.
Trouvez moi un endroit où les gens sont gentils, où il fait moins zéro avec vent coupant, où il y a plus d'inégalités que partout ailleurs, où on marche tout le temps parce que le métro n'est pas pratique, il y a plus de grande précarité qu'à Marrakech, toute aussi cachée d'ailleurs avec les mêmes méthodes ?
New York !
Et puis aussi la mythologie, la débauche de tout, une certaine beauté... Times Square ne change pas, je suppose qu'aujourd'hui il y a la même chose à Ginza à Tokyo, à Djakarta, à Rio, mais c'est là que ça sonne vrai parce que c'est là que ça a commencé (et qu'on se fait marcher sur les pieds par dix mille personnes qui s'excusent : cent excuses à la minute).