lundi 4 janvier 2010

Le péril WASP

Blanc, anglosaxon, protestant (White, AngloSaxon, Protestant).

Comme les Beatles, comme les soldats américains qui sont venus mourir sur des plages normandes pour nous sauver des saxons déboussolés (saxons, pas anglos mais enfin bon quand même).

Mais aussi comme ces cohortes de commerçants insensibles au froid, rompus au refoulement de l'émotion, hollandais (pardon mon hollandais chez qui je me suis tellement ennuyé qu'au bout de quinze jours j'ai renoué sans problème avec le monde latin), scandinaves, allemands, anglais.

Qui aujourd'hui règnent sur l'argent à moins que ce soit l'argent qui règne sur eux, déifient la notion de valeur, qui tuent les sentiments, avec des crises cycliques destructives (ça doit être leur forme d'hystérie à eux, ce n'est ni joyeux ni vivant) dont on ne voit pas bien les cycles, et l'imposent au monde entier, en imaginant parfois que la démocratie va avec. Et ces derniers temps, ils ne savent plus conjuguer leur gestion de l'argent et leur vision de la démocratie.

A ma grande surprise, j'ai bien aimé mes cinq jours new yorkais de fin d'année. Tant de richesses sur une si petite île, Manhattan. Ca me fait réfléchir, miroiter entre eux clichés, représentations, bouts d'histoire, épopées et idées, souvenirs flous et crédos précis.

Mais je me pose des questions, et je reviens aux mêmes réponses identitaires, j'ai même l'impression que ces cinquante dernières années ne m'ont servi qu'à les confirmer.

Je tape ces mots sur des serveurs américains. Tant pis, il est vrai que ce sont les meilleurs serveurs qui soient à ma disposition.

Mais combien de temps faudra-t-il pour que le sens du plaisir, le sens des sentiments, le sens de l'honneur des latins arrive à se conjuguer heureusement avec le sens de la survie, le sens de la négation et le sens de la dignité des WASP ?

Il était clair dès les années 80 que le FMI des néoconservateurs américains était un néocolonialisme caché sous des dehors exclusivement financiers.

Aujourd'hui l'Argentine, saignée à blanc au début des années 2000 par un FMI néoconservateur financièrement colonial, comme l'a été le Chili pour qu'à coups d'épurations sanglantes dans des stades pogroms il devienne un bon élève de leur orthodoxie matérialiste, casse l'agriculture extensive qui donnait des viandes parfaites, accepte tout de Monsanto pour rendre stérile une terre latine par une culture du soja transgénique ultrarentable et sans avenir, et, plus grave, sans beauté de la terre.

On a quand même bien du mal à s'entendre en dehors de l'Europe, et très longtemps on ne s'est pas entendu en Europe, c'était même sanglant souvent. Aujourd'hui les Etats Uniens respectent les français, les espagnols, les italiens... mais pas lorsqu'ils sont américains du sud.

Comme les Barbares ont rompu et dépassé la romanité que j'aime cultiver au fond de moi-même, les WASP, en le regrettant amèrement, continuent à semer une sorte de barbarie qui n'est plus du tout constructive aujourd'hui.

En détournant vingt siècles durant, certainement sans malice, le sens certainement excessif de la famille, de l'incandescence de l'image du père et de la mère que les pays latins conservent (et les français ne sont pas en reste : en politique, il a fallu Napoléon, Pétain, De Gaulle et tant d'image de sauveurs, même si Ségolène a été tout à fait à côté de la plaque dans le rôle de la Madone).

Les dictatures, le goût de la luxure ont été développés par les agences des WASP des Etats Unis pour mettre par terre l'Amérique Latine en l'exploitant. Dont pourtant le climat, dont pourtant l'humanité sont pourtant bien plus vivantes que ce que l'on trouve en Amérique du Nord. Il ne pouvait y avoir de toutes façons que des Anglais, des Allemands, des Scandinaves et des hollandais pour supporter le climat de New York et y faire cette sublime mégalopole où seuls le printemps et l'automne sont vivables (moins vingt et vent coupant l'hiver, quarante humides en été).

Quel dommage de n'avoir pas fait tout ça sous le ciel du sud du Brésil ou de l'Uruguay, ça aurait changé le monde.

Mais c'est trop tard, peut être, enfin peut-être pas, New York sent la fin d'Empire à la vénitienne ces derniers temps.

Et il vient un vent doux égalitaire, aujourd'hui, du Chili (même avec une nouvelle droite, qui semble avoir compris qu'il y a dans la socialdémocratie quelque chose, d'Uruguay, du Brésil, et même du Paraguay qui semblait irrécupérable.

On verra vite ce qu'en fait le péril WASP, peut-être arrivera-t-il à amadouer ses démons, et le fait que les émirats les aient copiés ces derniers temps, avec les mêmes vanités, et les mêmes échecs peut-être passagers, en serait un signe.

J'ai bien retenu de cinq jours de plaisirs à New York, que Montevidéo est un petit New York qui ne s'est pas trop fatigué. Tant mieux.

Et que la différence, c'est qu'à New York, on vient tout juste d'expérimenter la solidarité en matière de santé, que les Universités sont toujours réservées aux jeunes dont les parents et les grands-parents ont réussi à accumuler quelques moyens, et qu'à Montevideo, il y a eu la première vraie Sécurité Sociale du Monde, récemment étendue à tous, et que l'Université y est gratuite pour tout le monde.

Ca m'a toujours semblé être le seul investissement qui rapporte vraiment. Partager la santé de l'autre, partager la pensée avec l'autre. Lentement. Exactement comme le mouvement slow, comme slow food, slow money, etc, qui se développe lentement, mais donc sûrement.

Et vous savez quoi ? Ce sont des New Yorkais qui l'ont inventé, et ce sont des toscans, les plus italiens des italiens, qui le répandent dans le monde.

Comme quoi, tout n'est pas perdu, hein ?

Rappelons nous quand même une chose : aujourd'hui, l'espérance de vie la plus longue, en Europe, c'est en Italie, en France et en Espagne qu'on la trouve. Je souhaite aux anciens barbares avec qui nous vivons en paixs maintenant de vivre aussi longtemps en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, dans les pays scandinaves. On sera encore plus contents d'aller y faire du tourisme !

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