dimanche 7 mars 2010

Mujica, ex-révolutionnaire devenu président de l'Uruguay...

D'accord, l'Uruguay, ex-suisse de l'amérique latine, n'est guère plus grand que PACA, mais mes lecteurs attentionnés se souviendront que j'ai une affection particulière pour ce petit pays latin qui sent bon l'Europe d'autrefois.

Et ça vaut la peine de se pencher sur le sens historique de l'élection d'un ancien tupamaro à sa tête, vendue comme l'émergence d'un nouveau "MiniLula".

Les pays latins d'Europe sont en panne de connaissance d'eux même à travers l'évolution de leur amérique, qu'ils ont oublié - Buenos Aires et Montevideo sont pourtant aujourd'hui encore plus proches de Marseille, Barcelone et Turin que de Londres, Berlin ou même Paris.

Cela permettrait pourtant de relire avec profit, en miroir, les années de plomb qu'on connu l'Italie, l'Allemagne et à un moindre degré la France, avec Action Directe, la Bande à Baader, les Brigades Rouges, utopies flamboyantes et sinistre souvenir : en Europe, ils n'ont su que tuer et n'ont jamais appris à réaliser leurs utopies. Or les Tupamaros, peu le savent, ont été le modèle de ces mouvements qui ont fini lamentablement en Europe, provoquant par là des raidissements libéraux devant l'échec gratuitement sanglant d'utopies égalitaristes et généreuses. Et les naufrages sociaux décadents d'aujourd'hui.

La violence des Tupamaros, très limitée face à la violence de l'armée manipulée par les Etats Unis et sans rapport avec leur projet (il s'agissait de répondre aux meurtres organisés par les militaires), a fini par se transformer en participation à un débat démocratique ouvert, et porter au pouvoir les premières coalitions de gauche en Uruguay.

Et figurez vous qu'économiquement (comme ici, maintenant, d'ailleurs), la gauche uruguayenne réussit beaucoup mieux que la droite libérale.

Bref l'Uruguay a aujourd'hui à sa tête un ancien utopiste prudent, qui lorsqu'il était ministre a démocratisé l'agriculture, élargi la protection sociale, développé l'éducation. A son investiture, lundi dernier, Hillary Clinton, tous les présidents de gauche d'Amérique du Sud dont Lula, et pour représenter la France, une troupe de sénateurs (comme pour rappeler qu'il faut être sage et aller à un train de sénateur !), même pas Carla, qui pourtant était toute désignée pour faire un coup médiatique. Sarko n'est plus ce qu'il était.

Il semble que le seul truc dangeureux avec Mujica, c'est qu'il a mis des costumes pour la première fois pour sa campagne, et pas de cravate pour son investiture. Lang avait fait scandale il y a vingt ans en apparaissant pour la première fois sans cravate à l'assemblée nationale. Mais bon, aujourd'hui même Obama fait le président sans cravate régulièrement...

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