samedi 1 mai 2010

Joignez vous à la manif : les-bobos-à-paris-rendez-nous-nos-poissonnières ! Ca y est on tombe dans la pipolisation !

Ainsi donc enfin Charles Berling, qui est né à Toulon, va faire quelque chose à Toulon, et nous aurons dans un peu plus d'un an un grand théâtre en plein centre, avec un budget respectable. En soi c'est bien.

Evidemment, c'est encore un peu de mon Toulon qui fuit, qu'est ce que je regrette cette ville populaire, chaleureuse et mal foutue qui n'en finit plus de vouloir être normale ces dernières années. Je ne sais pas, si j'y arrivais aujourd'hui, si je l'aimerais autant que quand j'ai débarqué il y a trente ans.

Et puis face à la réaction de X ("je vais aller manifester sur la Place de la République avec Lulu - elle est prête et elle a fait sa banderolle - rendez nous nos poissonnières) tout un tas de souvenirs me remontent à l'esprit. C'est exactement ce que je ressens.

On adorait, avec Simone Komatis, rigoler en nous souvenant de la réaction du public toulonnais en 1968 face au Grand Magic Circus, qui faisait scandale en montrant ses fesses, acte significatif à l'époque : "ah ben dis donc, c'est des belles fesses, ça". On ne fait pas plus raisonnable comme réaction et comme sagesse face à une agit-prop quelque peu dérisoire (même si je garde un souvenir ébloui du Grand Magic qui n'a pas grand choseà voir avec les fesses !). Les meilleures tragédiennes de Toulon sont nos belles vendeuses du Cours Lafayette, en tout cas ce sont celles que je préfère...

Au lieu de se féliciter d'avoir enfin ce que toutes les grandes villes françaises ont, nous avons eu droit à une vraie polémique people : mais comment ? Christian Tamet n'a même pas été prévenu ? Est ce que ce ne serait pas Carla qui aurait fait nommer un de ses ex ? Passionnant, non... personne n'a commenté les qualités des frères Berling (puisque qu'ils prennent ensemble la direction : étrange, cette façon de confier un théâtre à une famille : c'est déjà un drame antique en soi), personne n'a discuté une quelconque ligne artistique, une programmation, un style... alors à quoi bon ?

Hubert Falco et les frères Berling l'ont tout de suite fait savoir : leur façon d'annoncer tout ça a été un peu cavalière, pas très respectueuse pour Châteauvallon, sans qui aucune diffusion culturelle d'envergure n'aurait existé depuis 40 ans.

Mais personne non plus n'a relevé le débat : n'est il pas normal que dès lors qu'une faille dans le système culturel est enfin comblé, chaque autre institution cherche sa propre originalité ? Car il y en a, maintenant, des institutions culturelles, même si elles sont moins développés qu'ailleurs : un centre d'art, un musée d'art, une maison de la photographie, un centre culturel pour la jeunesse, le Festival du Gaou... Châteauvallon n'est plus seul dans un désert.

Alors quand même, bienvenue aux frères Berling, et intéressons nous à ce qu'ils vont faire au lieu de verser dans les greuh greuh.

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