lundi 14 décembre 2009

Télé-réalité : mais non, le réel n'est pas coupé du virtuel (sinon la conscience n'existerait pas)


C'est sa deuxième baffe.
Il n'est pas question d'excuser une violence de fou, mais cette baffe n'arrive pas de nulle part.
Berlusconi - rappelons qu'il s'agit quand même d'un vieil homme de plus de 70 ans - s'est fait casser deux dents, a certainement reçu un traumatisme grave, gravissime à cet âge que la chirurgie et la mise en scène font oublier, et a certainement eu de la chance grâce aux services de sécurité et à leur rapidité.

On a beau être un héros du monde virtuel, argent abstrait et chaînes de télévision, pouvoir adolescent sans limites, la réalité est toujours là pour vous rappeler que la spéculation (intellectuelle) n'est pas déconnectée de la chair et des os, du plaisir et de la souffrance.

Berlusconi, habitude, talent et réflexe, avait été particulièrement en forme durant le meeting qui a précédé, descendant la gauche italienne (majoritaire dans l'opinion) en flammes comme il sait merveilleusement le faire et hystérisant un public lobotomisé par le confort et le bain médiatique.

Et tenir en haleine son public, c'est jouissif : je peux confirmer que moi aussi j'aime ce vieux comédien talentueux, peut être bien allé trop loin tout le temps comme d'habitude. En se disant que tout ça restait verbal. Mais non, les mots sont bien liés au réel, tant que les hommes bougent.

Le virtuel n'est pas coupé du réel, comme on nous le brandit avec un sens particulier de l'anathème à chaque invention de média.

Il y a une sorte de justice moyen-âgeuse dans cet acte horrible sur un vieillard repeint.

A part ça, je suis toujours bien content d'avoir mes repères en montagne insulaire : dans "Ma Corse me suit partout", le Nulle part ailleurs de Via stella, notre chaîne satellitaire pour insulaires continentaux, il y a eu tout à l'heure le meilleur traitement de toutes les télés (et j'ai fait la synthèse de BFM, Itélé, France 2, Rai Uno, Canale 5, Notizie 24 et Via Stella). Déchaînés, qu'ils étaient, les animateurs d'Ajaccio, ils en ont fait 40', ont repassé cinquante fois les images de la baffe moyen-âgeuse, Marina Raibaldi avec ses intonations d'italienne de Croatie plus glamour que jamais, et qui en connaissait un bout sur le sujet.

Leur conclusion ? "Il sera encore plus beau et plus jeune à la télé après ça". Or, il a visiblement fait le choix, en Italie, de communiquer au maximum sur le fait qu'il est blessé, au plus profond de lui même. Et tousles vieux riches d'Italie de se trémousser devant la porte de l'hôpital : "le vieux lion est blessé ! Il souffre ! Il renaitra !"

Qu'est ce que ça fait de ne pas avoir de prise sur le fait qu'on est qu'une image ?

Je n'aimerais pas être à sa place, je n'aime pas ce quotidien où on tape sur un vieil homme repeint.

Je ne collerai donc pas ici la photo que les médias italiens repassent jusqu'à plus soif, mais cette image toute petite et souriante, où on le reconnait à peine, qui rappellera d'autres images.

Dommage pour ce vieil homme qui ne veut pas incarner la sagesse, mais il a dans ce pays des universitaires qui auraient pu lui mettre la puce à l'oreille.

Nini Candalino distinguée universitaire napolitaine, disait, je crois, quelque chose comme : "on ne peut pas mettre un corps humain à la télé, c'est tout de suite de la viande, tout de suite de la boucherie".

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Des mauvaises langues apparemment plutôt bien informées (et bien documentées question prises de vue..) affirment que c'est un coup de pub histoire de faire remonter sa côte. Dans le genre "gag avec sauce tomate", bref une mise en scène dramaturgique très ... latino, de la part du vieux cabot manipulateur. Et bien franchement, ça ne m'étonnerait pas.

Karidwenn la langue de vipère