dimanche 6 avril 2008

Ma première école a le même âge que moi !



L'école de journalisme de Strasbourg a cinquante ans la même année que moi ! Il n'y a jamais de hasard !
Alors les jeunes ont invité les vieux, est ce que je vais à cette fête ? Expo au Palais Universitaire avec la statue de Goethe, construit par les Allemands, où je prenais mes cours d'arabe et d'histoire du Moyen Orient, dîner au nouveau bâtiment du Parlement Européen ? Il a été construit à la place de ma cité U, à côté du Conseil de l'Europe où courageusement nous nous cachions, secrètement, avec notre émetteur fm italien pour émettre de la radio enfin libre en zone non-nationale : les toilettes de l'hémicycle (c'est un scoop, c'est la première fois que je le dis).
Je crois bien que oui, surtout si nous en profitons pour nous voir, entre amis qui ne se sont pas vu depuis parfois très longtemps sans pour autant nous perdre de vue.
Je ne regrette qu'une chose : l'école a quitté la très belle villa art nouveau du 10 rue Schiller. Villa bourgeoise, elle avait servi de siège aux Jeunesses Nazies pendant la dernière présence allemande. Le directeur, un sage vieux catholique germanique, Alphonse Irjud, avait trouvé ainsi l'occasion d'occuper deux fois dans sa vie le même bâtiment au gré des tourments de l'histoire. Je l'aimais bien, et une fois où il avait invité Jean François Kahn, il avait calmement asséché nos questions sur son passé en rappelant que De Gaulle avait effacé le passé de beaucoup d'alsaciens, et qu'il est dur de savoir si on a raison sur le moment. C'est drôle : l'Alsace, largement nazie, se francise aujourd'hui à toute vitesse, alors que la Corse, qui a refusé le fascisme pour pouvoir continuer à trouver des salaires dans l'empire colonial français et éviter la pauvreté, se réitalianise... J'aime bien l'Europe.
Et puis mes trois ans au 10 rue Schiller ont été mes premiers moments de liberté : j'avais dix neuf ans, et je venais d'accepter contraint et forcé trois années de droit (j'ai raté la troisième, d'ennui et d'immaturité dus à un bac obtenu à quinze ans en bon fils d'enseignant), afin de pouvoir passer le concours d'entrée à Strasbourg.
Pour toutes ces raisons, et si la personne que je crois veut bien que je l'accompagne, je vais mettre comme à l'époque une veste noire et une cravate, peut-être des Wayfarer, pour honorer une fidélité. Et puis Goethe, Schiller : pour être un vrai européen il faut respecter les poètes allemands, je ne m'y serais jamais intéressé s'il n'y avait eu ce temps centreuropéen !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Monumental !!!!!!!

Danielinu a dit…

ah c'est toujours l'anonyme ! On sait même pas qui sait