vendredi 24 octobre 2008

Le droit d'aimer qui on veut et le droit de ne pas être d'accord


C'est ce qui resterait de Mai 68, si on en croit le très très joli film "Nés en 1968". C'est certainement vrai, mais pour combien de temps ?
Mauvaises critiques à sa sortie en salles dans sa version courte.
Il y aurait eu des longueurs selon les critiques.
Je viens d'en voir sur mon beau grand écran les deux parties tv d'un coup.
Je n'ai pas vu une seule longueur.
Mais c'est certainement parce qu'il recoupe curieusement absolument toute ma vie et toutes les choses auxquelles j'ai cru et crois de plus en plus.
Avoir un père social-démocrate qui vous a eu sur le tard et peut vous raconter l'extrême droite contre le Front Populaire avec anecdotes vécues, et un frère de la génération de soixante huit qui cache son bulletin mao dans son bureau pliable, ça donne de la vision historique aux garçons des années 80.
Et puis ça commence par une des rares narrations justes de la vie des communautés agricoles des années 70 que j'ai eu la chance d'approcher étant donné mon âge, en Ardèche bien sûr.
M'envoyer là passer quelques semaines à douze ans me semble aujourd'hui avoir participé d'une démarche légèrement perverse de mes parents pour suivre la vie de mon frère, je leur en veux encore un peu bien que ce soit une démarche familiale d'enfants d'orphelin corse finalement assez salvatrice dans une relative hystérie.
Mais j'ai adoré échapper un peu au lycée et vendre des fromages sur le marché d'Aubenas en y allant à dos d'âne, ça a contribué à me pousser à rechercher en permanence la vérité crue.
Ca m'avait confirmé deux choses : que j'aime vraiment, vraiment, vraiment profondément la moyenne montagne, et que les libertaires sont eux aussi généralement homophobes (même si j'ai dormi dans le grenier avec la plus belle fille de la communauté - une vieille à mes yeux de l'époque. Le lit étant creux, on s'endormait accrochés aux bords, et on se réveillait l'un sur l'autre sans problème et en toute candeur).
Du coup, retour à Paris et amour de l'urbanité : la liberté n'est jamais là où se bat pour elle.
Je crois que si mon frère ne m'avait pas fait lire à cette époque "Le petit livre rouge de l'écolier et du lycéen", je n'aurais pas apppris à trouver autant de plaisir à vivre.
J'étais alors comme la plupart des petits pédés complètement englué dans une angoisse profonde en constatant que je n'étais pas tout à fait adapté à la société à laquelle on me préparait.
Et j'ai retenu de ce livre qui n'était pas mao mais bien éducatif deux choses : se concentrer sur ce qu'on aime et ne jamais avoir honte de son désir.
J'ai abandonné les sciences et couru dans la littérature, les langues, l'histoire et la géographie, mes résultats ont décollé, j'ai explosé ma libido, et j'ai été un peu moins souvent malade.
Et puis, surtout, cherché la vérité des sentiments. Ca me rend encore heureux aujourd'hui.
La seconde partie est aussi juste : la libération sexuelle, le sida, les trithérapies, le retour de la visibilité de l'extrême droite... Avec une simplicité que les autres films sur ces sujets, pourtant nombreux, n'ont jamais eu.
Je n'avais notamment jamais vu au cinéma, ni vu noté nulle part pour la mémoire, le désespoir qui est apparu avec les trithérapies parce tant étaient morts quelques mois avant leur arrivée. Et la culpabilité de vivre des séronégatifs : elle a été mille fois écrite, jamais montrée.
Le film se termine sur une phrase de Sarkozy révoltante et qui comporte sa part de vérité : il assimile l'existence de patrons voyoux profiteurs à l'héritage soixante-huitard. Si ce n'est pas un amalgame pervers, ça... quand on est l'auteur du paquet fiscal, des 170 %, et qu'on ressemble fortement à un patron voyou dans les médias ! Et pourtant le film a été tourné avant les derniers écroulements boursiers !
D'ailleurs, sur la fin, l'un des personnages se lance dans le microcrédit, et en vante la qualité révolutionnaire. Réponse à son utopie : "c'est le système financier international qu'il faudrait écrouler !"
Prémonitoire, non ? Sauf qu'il s'écroule toujours lui même et pompe tout le monde pour repartir.
Si on n'avait pas fait tant de prêts avec formules mathématiques imparables, on n'en serait pas là... le fait que les emprunteurs n'avaiEent pas de salaires avait il été prévu ?
Allez, j'arrête, je pourrais y passer la nuit.
Allez, Matthew (voir mon champion olympique ci dessous), continue, tu es dans le vrai et moi ça me donne l'envie de continuer à vivre pour voir des gens comme lui oser vivre.

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