samedi 28 février 2009

Le plus vieux quotidien américain ferme


Denver n'a plus qu'un quotidien, le Rocky Moutain News a fermé aujourd'hui - 230 journalistes au chômage d'un coup dans une ville de 500 000 habitants. Il reste donc 506 quotidiens sur les 507 que comptaient les USA. Il y avait deux quotidiens à Denver, il n'en reste qu'un. La liste devrait bouger assez vite, car la plupart des journaux américains, y compris les grands, sont très déstabilisés : le convention professionnelle annuelle de la presse vient même d'être annulée, un tiers des journaux étant en gestion judiciaire. Crise ? Internet ? Le "Rocky", un siècle et demi de parution, a pour quelques jours encore un très beau site internet.
Dans les dix dernières années le Rocky avait eu 4 prix Pulitzer.
Qu'est ce qui est le mieux pour la liberté de l'information et la libre expression ? Un mastodonte postindustriel comme le Rocky ou la jungle d'internet ? Et comment sont morts les dinausores ?
Le plus vieux journal européen, c'est le "Journal de la Corse", devenu le jouet d'une imprimerie familiale qui résiste à tout. Quand j'avais vingt ans, il était quotidien : une feuille pliée à quelques centaines d'exemplaires que maintenait le vieux Siciliano parce qu'il était le vieux journal d'Europe déjà. Vers 17 heures, il en posait la pile du jour toute fraîche sur une chaise devant l'imprimerie, on posait vingt centimes et on le prenait. Tous les vieux cultivés d'Ajaccio y écrivaient des chroniques assez inutiles et merveilleusement tournées. L'odeur du papier imprimé m'a toujours chaviré, c'est là que je l'ai ressentie pour la première fois. Rien à voir avec l'odeur de votre ordinateur quand vous tapez votre blog. J'avais demandé à y faire un stage (sourire civilisé du vieux Siciliano : pourquoi pas ?), mais cet été là, un copain a appelé de Toulon et m'a dit "viens plutôt gagner de l'argent dans un vrai journal, Var Matin". Pouvoir payer la fin de mes études moi même avait emporté toute résistance, et je suis toujours là, à Toulon.
Le Journal de la Corse existe toujours, il est hebdomadaire, en couleurs, a des éditorialistes, un site internet, et Caroline Siciliano le dirige, sachant dîner en ville.
Il a su s'adapter aux contraintes de tous les temps, avec des hauts et des bas. Comme quoi l'artisanat intelligent résiste mieux que l'industrie sophistiquée.

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